Batho : tempête dans un vert d'eau

France Culture
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** Stupéfiante après-midi politique !** Elle a commencé par l’implosion possible de la majorité, et s’est achevée par l’immense capacité d’Europe Ecologie à digérer les boas. Après quelques formules rituelles sur le mode indigné, et deux ou trois serments sur le thème « ça suffit », les écologistes ont décidé de rester au gouvernement. Au bilan de la journée, Philippe Martin remplace Delphine Batho et François Hollande, pépère pour les intimes, est devenu pépère fouettard, pépère la rigueur, et même pépère Machiavel.

Ce qui s’est passé dans la forme est inédit. D’ordinaire, quand un ministre est viré c’est plutôt dans les conciliabules.

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Là ce fut à grand spectacle. La scène s’est passée en direct. Delphine Batho était à l’assemblée et répondait aux questions des députés quand elle a reçu un coup de fil. Interruption de séance. Convocation à Matignon annoncée sur Twitter pour que tout le monde le sache bien… Et en milieu d’après midi, communiqué de l’Elysée, lapidaire. Clac : « Sur proposition du Premier ministre, le président de la République a mis fin aux fonctions de Madame Delphine BATHO ».

** Ce renvoi sans sommation pouvait ouvrir une crise majeure**
Ce renvoi sans sommation pourrait ouvrir une crise majeure. Parce qu’il touche au domaine du seul allié des socialistes, les écologistes et que ce domaine est effectivement malmené dans le budget : moins 7% pour ce ministère. Parce que cette coupe participe à un budget d’austérité, et qu’une fronde s’est levée au parlement, au sein même du parti socialiste, et qu’elle est alimentée par des personnalités majeures, Arnaud Montebourg ou Claude Bartolone. Et enfin parce que le Parti communiste renâcle, et que le Parti de gauche dénonce la trahison des socio-libéraux.

De fil en aiguille la maison pouvait sauter. Elle le pouvait d’autant plus que les commentaires s’élevaient déjà, moquant l’accès d’autoritarisme d’un chef bousculé dans sa classe par des chahuteurs répertoriés, et qui s’en prenait soudain à une ministre de second rang, qui plus est une femme !

Il suffisait que les écologistes, qui s’interrogent ouvertement depuis des semaines sur leur participation au gouvernement, en profitent pour claquer la porte et la mèche serait allumée, pour un feu d’artifice d’avant 14 juillet.

Finalement les écolos resteront. Ils verront en septembre. Et puis ils aiment bien Philippe Martin dont l’engagement contre les OGM est un gage à leurs yeux.

Ce matin les mouches voleront au conseil des ministres et c’est ce que voulait François Hollande. La crise autorité qui le mine depuis sa prise de fonction est terminée. Reste à faire face à l’autre, la vraie, la crise qui fait souffrir les français, et que la majorité paye dans les urnes à chaque élection partielle, et ça c’est une autre histoire.

Une histoire de budget que le silence et la discipline ne dissoudront pas d’un coup de gueulante magique.