Ainsi Pépère serait un dictateur ! C'est la nouvelle accusation des opposants au mariage homosexuel... Hollande un homme hyper-autoritaire, il fallait quand même oser ! Le raccourci est saisissant comme le fut autrefois le CRS = SS des bons vieux soixante-huitards. Décidément la bleusaille de la manif de droite et d'extrême droite, parcourt, avec l'ardeur des débutants, les chemins et les impasses de ses aînés contestataires de gauche et d'extrême gauche. Elle ne recule devant aucun cliché et n'évitera sans doute aucune couleuvre, comme en atteste son dernier avatar : la radicalisation. A quelques jours de l'examen en seconde lecture de la loi par l'Assemblée nationale, les opposants voient dans la multiplication de leurs actions commandos, et dans leur durcissement, une preuve de montée en puissance. Ils se font des illusions. N'ayant pas une longue expérience des conflits entre un pouvoir et la rue, ils ignorent les leçons de l'histoire. En général, quand un mouvement unique et maîtrisé se divise en une myriade de sous-groupes autonomes qui harcèlent les ministres, ou bloquent les routes et les trains, c'est que le mouvement se décompose. Il y a même une expression pour ça. On dit que le pouvoir joue le pourrissement. Le vocabulaire enflammé des mécontents, Christine Boutin parle carrément de guerre civile, essaie de compenser le refroidissement du moral des combattants. L'agonie peut être lente, et plus ou moins spectaculaire, l'issue est toujours la même. A de très rares exception, qui s'appellent des révolutions, les révoltés rentrent chez eux et on passe à autre chose.. Ce n'est pas parce que ce processus opposait jusqu'à présent un pouvoir de droite et des opposants de gauche, comme par exemple en 2003 et 2010 à propos des retraites, et parce que l'affaire du mariage met face à face un pouvoir socialiste et des mécontents de droite, que l'enchaînement des cause n'entraînera pas le même effet. Depuis des mois, les opposants au mariage découvrent en fait ce que leurs devanciers de gauche ont connu face à François Fillon. La ferveur de se retrouver, l'émerveillement d'être si nombreux, l'agacement de se sentir minorés par le comptage des préfectures, la certitude d'être le peuple, et donc le souverain, et puis, au bout du compte la vérification amère et rageuse qu'en République le pouvoir n'émane pas de la rue mais des élections. Le jugement final appartiendra comme toujours à l'histoire. A propos des manifestants de gauche on disait qu'ils étaient "marxistes" ou démagogues. Des activistes anti mariages on dit déjà qu'ils sont Frigide et complètement Barjot.
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Journaliste