Enfin le grand débat, le débat politique, le seul peut-être depuis des mois voire des années. La question de l’Europe, posée dans la confusion par le parti socialiste, ne sera plus refermée, ni par le PS ni par personne. Sa profondeur contraste d’ailleurs avec le côté tarte à la crème de l’autre dossier du week-end, celui de l’Union Nationale.
Commençons donc par le futile. Non que le débat sur l’Union nationale soit secondaire dans l’absolu, mais il a autant de chance de tenir l’air qu’un tractopelle de décoller.
Ce débat caractéristique des périodes de crise a pris corps après la mise en place d’un gouvernement Droite-Gauche en Italie, et à la suite d’un sondage du journal du Dimanche qui enfonce deux portes ouvertes : Oui les Français souhaitent dépasser l’alternance mécanique du PS et de l’UMP anciennement RPR, et oui, dans cette réflexion, François Bayrou ne compte pour des prunes.
On le sait depuis longtemps. Le Régime préféré des Français, à tort ou à raison, c’est la cohabitation, une forme paradoxale d’Unité nationale, qui casse en fait le fonctionnement normal de la cinquième République.
Pour poser sérieusement la question de l’Union nationale, il faudrait d’abord briser un tabou. Notre constitution impose le fait majoritaire. Elle contraint à l’alternance des blocs. Il faudrait donc s’interroger sur Cinquième République voulue par le Général de Gaulle, c'est-à-dire par un militaire, donc songer à la sixième.
Réfléchir sans tout casser, c’est d’ailleurs le défi lancé par une frange du PS, plutôt l’aile gauche, en direction de l’Europe, et du couple Franco Allemand à la colère d’un autre morceau du Parti socialiste, plutôt dirigé par l’aile droit. Des mots ont ravivé un débat jamais tranché depuis le référendum de 2005.
Oui ou non, au-delà de l’affrontement sur la rigueur ou la relance, est-il possible de critiquer la politique d’Angela Merkel sans commettre un sacrilège ? Est-il permis d’exprimer un doute sans être accusé, comme autrefois dans les pays de l’Est, d’atteinte à la sûreté de l’état, en l’occurrence à la sureté de la construction européenne.
Sacrilège ou Débat… Il y a là la distance entre la théocratie et la démocratie, et c’est une immense question, qui dépasse les clivages habituels. Elle n’est pas de savoir si Mme Merkel a tort ou si elle a raison, mais si un désaccord peut valoir un échange ou une fatwa.
Le clivage divise profondément le Parti socialiste, mais aussi l’UMP, et quelque part l’ensemble de l’échiquier politique.
C’est en cela qu’il est fondamental. Il n’oppose pas les germanophiles aux germanophobes, mais quelque part la messe, et le parlement.
Donc les dévots, et les laïcs.
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Journaliste