Mariage : ne pas confondre urticaire et volcanisme

France Culture
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Même avec un bonnet phrygien, une allergie n’est pas une révolution, ni une crise d’acné une éruption volcanique. Les manifestants anti-mariage homosexuel on eu beau se rêver en soixante-huitards, ou en version catho du printemps arabe, ou en citoyens de 1789, ils ont atteint leurs limites prévisibles. A force de crier à la dictature, ils offrent même un air de pépère fouettard à un François Hollande à qui l’opinion publique reproche précisément de manquer d’autorité.

Quarante cinq mille selon la préfecture, deux cent soixante dix mille selon les organisateurs, ce n’est pas une vague de fond. Ce mouvement est important, il révèle une exaspération dans une minorité mobilisée de la France, il a soulevé, à ses débuts, des questions importantes et délicates à propos de la filiation, avant de se caricaturer politiquement, et de libérer sur ses franges, une homophobie banale et virulente.

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Phénomène classique, en se radicalisant le mouvement s’est réduit à son noyau. La croisade exaltée de Mme Boutin, la fièvre d’Henri Guaino, ou le sens de la mise en scène de Mme Virginie Tellenne, alias Frigide Barjot, n’y changeront rien. Ils n’ont pas dit leur dernier mot, mais l’idée qu’un mouvement de foule emporte tout sur son passage et renverse le pouvoir, comme une frange de l’UMP en a rêvé tout haut, n’est plus d’actualité.

Désormais, seul le Conseil constitutionnel pourra remettre en cause la loi qui sera votée demain.

Reste que ce mouvement va laisser des traces, et pas forcément celles qu’on croit. Cette épreuve du feu ne va pas obligatoirement servir ceux qui rêvaient d’incendie. En se caricaturant, la droite politique a commis trois erreurs.

La première est d’avoir surestimé le mouvement en emboitant le pas de l’Eglise. Elle est puissante, cette Eglise, mais une minorité forte ne devient pas une majorité parce qu’elle se montre dans la rue. L’Eglise de France, et ce n’est un secret pour personne, a été le fer de lance de cette mobilisation. Elle est capable de ferveur et d’immenses rassemblements, les JMJ en ont été l’illustration, mais elle est aussi un corps en crise. Il n’y a pas foule à la messe, tous les dimanches, dans des paroisses où les curés se font rares, penser que cette institution pouvait résumer la France entière était un anachronisme.

La deuxième erreur a été de confondre la masse de ce mouvement, et ses dérives extrémistes. A force de coller aux plus durs la droite parlementaire a fini par se faire piéger. L’image du député Front National Gilbert Collard défilant aux côtés de responsables UMP anticipe des questions d’alliances qui seront brûlantes aux élections municipales.

Enfin, la dernière faute a été d’offrir à François Hollande une session de rattrapage au moment où tout va mal pour lui, y compris à gauche. Pour une fois l’ancien premier secrétaire n’a pas fait la synthèse. Il a choisi son camp, et ça le ramène à lui…