François Hollande a donc tendu la main aux entrepreneurs, pour en finir avec la révolte des pigeons. Ce faisant il a remis dans sa poche son projet initial de taxations des plus values. Au moment où il aborde le premier anniversaire de sa présidence, cette manière d’être en zig dans l’annonce et en zag dans la décision est sans doute un ingrédient majeur de son problème de crédibilité.
TVA sociale écartée puis TVA sociale instaurée, amnistie sociale acceptée puis amnistie sociale refusée, possibilité laissée aux maires de se soustraire à la loi sur le mariage, puis reprise le lendemain, perspectives de nationalisation provisoire d’un site sidérurgique envisagée, puis écartée la semaine suivante, polyphonies sur l’Allemagne avec un parti qui proclame la tension et un gouvernement qui soutient la détente, les exemples sont multiples.
Il faut dire que les sondages sont tombés comme à Gravelotte à l’approche du 6 mai, et qu’ils sont exécrables. François Hollande bat des records d’impopularité, et son bilan d’un an est jugé sévèrement, il se débat dans une spirale négative, et quoi qu’il dise, quoi qu’il fasse, « les merdes volent en escadrille » comme disait un autre Corrézien, Jacques Chirac qui faisait semblant de « Mépriser les hauts et de repriser les bas ».
Avec Hollande les bas sont-ils reprisables c’est la question fondamentale ? Le contact est-il rompu avec la France ou la ligne est-elle seulement brouillée ?
Les partisans du Président pourront se rassurer avec un paradoxe issu des études d’opinion. Globalement le locataire de l’Elysée est malmené, voire rejeté, mais quand les échantillons des instituts de sondage sont interrogés sur chacune des décisions ou des réformes actées depuis douze mois, les réponses sont plutôt positives.
Ainsi, la caractéristique de ce début de quinquennat serait une approbation des chapitres, mais une déception sur l’ensemble. Avec ses zigs et ses zags, le style Hollande brouillerait l’action d’Hollande.
Cette vision est optimiste. L’idée du problème de communication est un classique du genre pour tous les pouvoirs en difficulté, mais elle évite surtout de poser les questions de fond.
Qu’est-ce qui n’a pas marché depuis un an pour le Président de la République. La crise bien-sûr, la croissance, l’austérité européenne. Mais peut-être autre chose. Une manière de courir après les événements plutôt que de les précéder. Elle nous ramène aux pigeons, bousculés puis caressés. Et elle nous renvoie surtout à ce que Laurent Baumel, député socialiste animateur du réseau « Gauche populaire » appelle « la malédiction des gouvernants » dans un livre à paraître le 16 mai aux éditions du Bord de l’eau. Depuis trente ans, toujours rattrapés par le conflit entre les discours de campagne et la réalité de la société, aucun président n’a gagné les élections suivantes.
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