Il n’est pas exclu que l’Ouragan Sandy vote démocrate mardi prochain, dans l’élection présidentielle américaine. Pas seulement parce que dans les cas d’urgence les pouvoirs en place ont toujours un avantage, mais surtout parce que Sandy restaure l’image d’un grand pestiféré des sociétés occidentales : l’Etat, ce pelé, ce galeux, comme disait François Mitterrand.
Dans cet épisode climatique violent, des dizaines de milliers de personnes sinistrées se sont tournées naturellement vers les secours, donc vers l’Agence fédérale des situations d’urgence, qui est l’équivalent de la Sécurité Civile en France, donc vers l’Etat central. L’état protecteur.
L’agence fédérale a un coût. Pour entretenir une armée de secouristes, avec les moyens matériels et humains, il faut bien trouver de l’argent. L’argent de l’impôt. Un argent qui la plupart du temps, quand il fait beau et que le ciel est bleu a l’air d’être gaspillé.
D’où les attaque du Républicain Mitt Romney, pendant sa campagne pour les primaires. Il trouvait l’existence de l’agence fédérale « immorale », c’était son mot, au regard du déficit budgétaire. Pour lui, il fallait transférer aux Etats, en France on dirait « les collectivités locales », ces dépenses parasites, et comme les collectivités en question sont aussi déplumés que l’Etat central, il proposait, par un enchaînement naturel cher aux libéraux, de confier cette sécurité civile au secteur privé.
Et puis Sandy est arrivé, et la langue du candidat républicain est soudain devenue pâteuse.
La cigale ayant chanté tout l’été se trouva fort dépourvue quand l’ouragan fut venu…
Cette parabole de la cigale républicaine et de la fourmi démocrate prend tout le monde à revers, car dans le discours dominant l’état serait le gaspilleur, et la fourmi qui gère correctement ses sous ce serait le secteur privé.
Cette histoire peut naturellement s’exporter dans tous les états du monde, surtout par temps de crise. Partout, pour des raisons parfois justifiées de gaspillage, (il en existe), et de bureaucratie (elle frappe souvent), les investissements des Etats sont désormais appelés des « dépenses » dans lesquelles il faut tailler, car ces dépenses, de glissement en glissement sont assimilées à de la dilapidation d’argent public.
Moins d’état, moins d’impôt, il arrive que ce concept revienne à ne plus s’assurer, car s’assurer coûterait cher. Mais voilà… Il arrive aussi que s’assurer rapporte, et cette histoire ne manque pas de piquant au bout d’un mandat dans lequel Barak Obama a du soulever des montagnes pour mettre en place, plus ou moins, une assurance maladie ouverte au maximum de citoyens.
La santé publique ! Après la sécurité civile, voilà encore un gaspillage…
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