Qu'est donc devenu le "girl power" ?

France Culture
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A l'occasion de la venue de la ministre Fleur Pellerin aux Matins de France Culture, nous avons relu cette longue enquête des Inrocks publiée le 25 avril 2012 et signée Marion Mourgue intitulée *Girl power, la relève à gauche. * De gauche à droite, en une, on voit Aurélie Filippetti, Najat Vallaud-Belkacem, Fleur Pellerin, Delphine Batho que la journaliste a longuement rencontrées au QG de campagne du candidat Hollande.

Dès l'élection de ce dernier, toutes les quatre deviennent ministres, l'expérience dure 14 mois pour Delphine Batho, 27 mois pour Aurélie Filippetti. Seules restent Najat Vallaud-Belkacem et Fleur Pellerin promues lors du dernier remaniement alors que Delphine Batho a été débarquée et qu'Aurélie Filippetti a préféré d'elle même ne pas rempiler.

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A l'époque, François Hollande parle de "quatuor". Najat Vallaud-Belkacem ajoute "nous sommes les Hollandettes" mais toutes affichent un idéalisme mêlé de pragmatisme positif et revigorant en expliquant qu'elles ne sont ni des labels, ni des faire-valoir. Pas comme pour Nicolas Sarkozy qui, explique Fleur Pellerin, "a cette stratégie de mettre un Chinois, par exemple, aux relations avec la Chine" . Et François Hollande les encourage : "la parité peut présenter un avantage, le renouvellement est plutôt favorable aux femmes" .

Mais à ce jour, le Girl power reste un vœu pieux à gauche. Seule Christiane Taubira occupe un ministère régalien. Matignon, l'Intérieur, la Défense, les Affaires étrangères, les principaux postes de Bercy également. En la matière, c'était mieux sous Nicolas Sarkozy. L'Assemblée est présidée par un homme, les groupes socialistes au Sénat et à l'Assemblée aussi. Un homme dirige le PS. Et l'on sourit deux ans et demi après ces propos de François Hollande dans les Inrocks : "cette génération devra lutter, devra combattre parce que c'est un équilibre un gouvernement" . Filippetti abonde : "Hollande n'est pas celui qui va asséner sa vérité, il a beaucoup plus de respect pour toutes les expressions". Batho et Filippetti ont lutté et combattu, l'on a vu le résultat.

A l'inverse Najat Vallaud-Belkacem et Fleur Pellerin ont été promues : l'Education Nationale pour la première (du jamais vu dans l'Histoire de la République), la Culture pour la seconde. C'est la troisième affectation différente en trois gouvernements pour les deux : Najat Vallaud-Belkacem réputée pour sa langue de bois, Fleur Pellerin sans grand réseau au sein du PS et jamais élue "pas réputée pour avoir un grand poids politique" comme l'écrivait le Figaro mardi dans une enquête consacrée à Hollande, Valls et la Culture.

Aujourd'hui le girl power consiste-t-il à travailler - beaucoup - et se taire, version moderne du "démissionner ou fermer sa gueule" ? Aujourd'hui le quatuor est devenu un duo, certaines Hollandettes sont devenues des Juppettes. Le girl power a-t-il plié face à l'exercice du pouvoir ?