La vie politique dans un carcan

France Culture
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Finalement, le tremblement de terre politique n'a pas eu lieu. Le Front National a plus que jamais montré les dents. Il a encore progressé en nombre de voix, 6 millions 800 000, record absolu...

entrave
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- @commons

Et tous les responsables politiques des grands partis de gouvernement affirment avoir compris le message envoyé par les urnes."Ah si !... Ah non mais là, oui ! On a vraiment eu peur... Et là, ça va changer, promis, juré. La politique, c'est autrement et c'est pour maintenant. Si si ! Mais si ! Mais enfin, puisqu'on vous le dit..."En réalité, rien ne va changer. Tout va continuer comme si rien ne s'était passé ou presque. Car nous sommes lancé dans une marche électorale inarrêtable qui va nous emmener jusqu'en 2017. C'est comme un moteur qui aurait démarré, avec ces élections régionales, qu'on ne peut plus arrêter...Il va y avoir une élection présidentielle en mai 2017. Au suffrage universel. Et c'est elle qui donne l'étincelle. C'est elle qui offre à celui qu'elle consacre, comme un sceptre, comme une baguette magique, la légitimité nécessaire pour impulser une politique... Et il n'y a que cette élection qui peut lui accorder un tel pouvoir, celui de faire une autre politique (à défaut de la faire autrement)...C'est ce que prévoit notre constitution. Elle est solide, notre constitution, très solide. Au point, peut être, d'en devenir un carcan. Car d'ici là, d'ici cette échéance de mai 2017, la seule chose qui peut arriver politiquement, c'est le processus de sélection des candidats. Rien d'autre...Pour le Front National, c'est déjà réglé, ce sera Marine Le Pen. Rien à attendre de neuf de ce côté. Elle va continuer à dénoncer le système, à réclamer la fermeture des frontières et à prospérer dans les intentions de vote. Vu que ses propositions sont désormais validées par la droite et par la gauche de gouvernement, avec notamment cette histoire de déchéance de nationalité pour les binationaux nés en France...A gauche, ça n'est pas encore complètement fait. Vu qu'il y a cette histoire de primaires prévus par les statuts du Parti Socialiste. A priori, le PS est contraint d'en organiser. Vu également qu'il y a cette courbe du chômage qui refuse obstinément de s'inverser...Mais bon, François Hollande, en tant que président sortant, parait le mieux placé. Les élections régionales ont montré qu'il n'y avait pas d'alternative à gauche. Et puis de toute façon, les écologistes comme le Parti de Gauche et les communistes sont financièrement en grande difficulté. Présenter un candidat, ce sera difficile...Il n'y a donc pas de changement à attendre concernant la politique menée depuis 3 ans et demi. Pas "d'inflexion" comme le réclamait dimanche soir Jean Christophe Cambadelis...Quoiqu'il en soit, on a vu que pour rassembler la gauche, il y avait la menace Front National. C'est un moteur très puissant. Et ça a l'avantage de placer la droite dans une position extrèmement inconfortable. Ni tout à fait pour, ni tout à fait contre... Alors à droite, justement. C'est là qu'il peut se passer des choses. C'est là qu'il y a des incertitudes. Enfin, en théorie...Parce que pour le président de "Les Républicains", Nicolas Sarkozy, on va faire exactement comme avant. Comme en 2007. Comme en 2012. A droite toute. Quitte à fleurter encore une fois avec l'extrème droite...Et oui, parce qu'il a vu en détail les résultats de ces régionales, Nicolas Sarkozy. Et elles ont montré que ce sont les candidats les plus à droite, comme Laurent Wauquiez, qui ont le moins perdu face au FN. Les candidats centristes, eux, ont été laminés...Il estime donc que c'est sa ligne qui a été validée. C'est d'ailleurs pour ça qu'il va ejecter de la direction Nathalie Kosciusko Morizet, au mois de janvier. Et il va refaire un parti à sa main avec que des gens qui pensent comme lui... Pour ces adversaires, Alain Juppé, François Fillon, Bruno Le Maire, il va falloir essayer d'exister en dehors et sur un autre créneau politique.Le problème, c'est qu'avec un FN qui siphonne les voix de la droite et une gauche de plus en plus centriste, il y a de moins en moins d'espace. Et il sera difficile de faire entendre autre chose...

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