"7 Allemands sur 10 sont satisfaits d’Angela Merkel"

La chancelière allemande Angela Merkel prononce un discours lors d'une session au Bundestag (chambre basse du parlement) sur les mesures visant à freiner la propagation du nouveau coronavirus (COVID-19), le 26 novembre 2020 à Berlin .
La chancelière allemande Angela Merkel prononce un discours lors d'une session au Bundestag (chambre basse du parlement) sur les mesures visant à freiner la propagation du nouveau coronavirus (COVID-19), le 26 novembre 2020 à Berlin . ©AFP - Tobias SCHWARZ
La chancelière allemande Angela Merkel prononce un discours lors d'une session au Bundestag (chambre basse du parlement) sur les mesures visant à freiner la propagation du nouveau coronavirus (COVID-19), le 26 novembre 2020 à Berlin . ©AFP - Tobias SCHWARZ
La chancelière allemande Angela Merkel prononce un discours lors d'une session au Bundestag (chambre basse du parlement) sur les mesures visant à freiner la propagation du nouveau coronavirus (COVID-19), le 26 novembre 2020 à Berlin . ©AFP - Tobias SCHWARZ
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Elle est l'une des rares dirigeantes que la crise sanitaire n'a pas fait vaciller. La chancelière Angela Merkel est perçue comme efficace face à la pandémie. Même si la gestion allemande n'a pas été exempte de tiraillements. Analyse depuis Berlin.

Avec
  • Ludovic Piedtenu Journaliste, correspondant permanent de Radio France en Allemagne, ancien chef du service politique de France Culture

En France, l'exécutif a fait face à de nombreuses critiques dans sa gestion de la crise sanitaire. Et à l'étranger ? Les gouvernements ont-ils été fragilisés ou confortés, soutenus ou contestés, face à cette crise inédite ? Toute la semaine, le Billet politique vous emmène en Italie, aux États-Unis, en Chine, en Allemagne et au Royaume-Uni. Aujourd'hui, direction Berlin.

Frédéric Says : La crise sanitaire a fragilisé de nombreux gouvernements. Mais dans ce paysage, Angela Merkel,  en Allemagne, fait plutôt exception. Elle reste très populaire, et cela ne bouge pas, mois après mois, depuis le début de la pandémie. 

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Ludovic Piedtenu, correspondant à Berlin : Effectivement, la chancelière est à des niveaux de popularité parmi les plus élevés de ses quatre mandats et de ses quinze années de pouvoir. Plus de sept Allemands sur dix en sont satisfaits. 

Quant à son parti, les chrétiens démocrates de la CDU, ils sont redevenus très puissants : 35% à 37 % des intentions de votes dans les sondages. Des niveaux qu'ils n'avaient plus atteint depuis 2015. 

Et d'après vous, ce sommet de popularité est il conjoncturel ? Est-il est lié à cette crise sanitaire ? Où est-il plus global ? 

J'aurais tendance à répondre "simple conjoncture". Mais vous savez, en politique, tout peut changer très vite. Vous voyez bien comment ces dernières semaines de 2020 ont été compliquées. La campagne de vaccination - et son bon déroulement dans la durée, au cours des prochains mois - est aussi un enjeu. Ce ne sont pas de petites questions puisqu'en 2021, on entre en année électorale. 

Mais la tendance de ces dernières années, c'était plutôt l'effondrement des partis traditionnels CDU et les sociaux démocrates du SPD au profit de l'extrême droite. 

Le parti AFD (Alternative für Deutschland, "Alternative pour l'Allemagne"), qui a fait son entrée au Parlement lors du dernier scrutin en 2017, est l'autre parti en forme depuis la fin de l'été 2018. Quant aux Verts, ils n'ont cessé de grapiller des voix à la CDU et au SPD. 

Cette année 2020, si on vous entend bien Ludovic Piedtenu, s'est traduite par une forme de fragmentation de la vie politique allemande. Quel effet cela peut avoir sur les élections législatives en septembre 2021 - rappelons qu'Angela Merkel ne se représente pas ? 

Le débat public est désormais beaucoup moins calme, beaucoup moins apaisé en Allemagne. Comme dans beaucoup de sociétés industrielles et démocratiques, il y a une polarisation très claire sur les réseaux sociaux. Mais aussi au Parlement, depuis l'arrivée de l'AFD. C'est un système clairement beaucoup moins bipartite et qui est devenu pluraliste.

Les manifestations, dans la rue, sont aussi plus radicales. Je pense aux "anti-masques", qui se font appeler les "libres-penseurs".

Une possibilité, pour Angela Merkel, c'est qu'elle bénéficie de la "guerre des clans" au sein du parti d'extrême droite : l'AFD ne va pas si bien. Les Verts non plus, qui ont perdu un peu de crédit. 

Tout cela pourrait finalement maintenir une sorte de statu quo, en septembre prochain, avec une victoire du Bloc du centre CDU-CSU. 

C'est d'ailleurs le candidat possible de la CSU (parti conservateur bavarois) qui pourrait être le candidat de ce grand centre. Il s'appelle Markus Söder. Il dirige la Bavière aujourd'hui et il est l'homme politique le plus populaire en Allemagne aujourd'hui. 

Ludovic Piedtenu est correspondant permanent de France Culture à Berlin. 

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58 min