L'idée, avec cette candidature, est vraisemblablement de tenter de fédérer tous ceux qui soutiennent encore l'action du président de la République. C'est à dire environ un tiers de la population et des électeurs potentiels selon les différentes enquêtes d'opinion.
Agnès Buzyn prend la place de Benjamin Griveaux en tant que candidate de la République En Marche aux élections municipales pour la ville de Paris.
Emmanuel Macron, pour une fois, a tranché. Il a, semble-t-il, convaincu l'ex-ministre de la santé de se lancer dans la bataille. Alors que vendredi dernier, il y a 3 jours donc, elle avait encore une fois émis une fin de non-recevoir à une candidature aux municipales. C'était dans la matinale de nos confrères de France Inter :
Ce n'est pas la première fois qu'elle rejetait l'invitation qui lui était faite de se présenter aux municipales à Paris.
En octobre dernier, alors que François Bayrou, ne croyant pas aux chances de Benjamin Griveaux, tentait de pousser en coulisses la candidature de la ministre de la santé, Agnès Buzyn avait fait cette réponse sur RTL :
Je suis totalement, complètement, investie sur mes dossiers. Même si j'ai dit qu'un jour je me frotterai à une élection, à une candidature, mais ce n'est pas la ville de Paris.
Aujourd'hui, donc, changement de pied. Elle affirme y mettre "du cœur et de l'engagement" et qu'elle y va "pour gagner".
C'est apparemment sur son nom que tout le monde, à En Marche, est très vite tombé d'accord.
Personne ne voulait d'une candidature trop identifiée politiquement. Que ce soit à droite avec Delphine Burkli, maire du IXème arrondissement, ou avec Pierre Yves Bournazel, candidat dans le XVIIIème. Ou que ce soit à gauche avec l'ex-secrétaire d'Etat et ex-candidat à l'investiture, Mounir Mahjoubi.
Agnès Buzyn a cet avantage d'incarner la société civile mise en avant par Emmanuel Macron. Ce qui lui permet potentiellement de concilier tout le monde.
Et puis elle offre au président de la République un espoir de nationaliser le scrutin municipal à Paris.
Les élections municipales s'annoncent assez peu prometteuses pour La République En Marche
Ce sont des élections locales qui vont donner une forte prime aux maires sortants. Une récente enquête d'opinion montre que deux électeurs potentiels sur trois (67% des personnes interrogées) déclarent que ce sont principalement des "considérations locales" qui détermineront leur vote.
Sauf peut-être à Paris.
Le chef de l'Etat y réside. C'est là que se trouvent le gouvernement et les institutions. Et l’hyper-centralisme parisien fait que les questions de politique nationale y sont plus prégnantes qu'ailleurs.
Agnès Buzyn, ministre depuis plus de deux ans et demi, incarne l'action du gouvernement. Et l'objectif, à travers cette candidature, est vraisemblablement de tenter de fédérer tous ceux qui soutiennent encore l'action du président de la République : environ 30 à 32% de la population selon les différentes enquêtes d'opinion.
L'idée en quelque sorte est de retrouver (ou de s'approcher) de l'étiage de l'élection présidentielle en 2017. Emmanuel Macron y avait obtenu, à Paris, 35% au premier tour. Un score qui s'était à peu près confirmé aux élections européennes en 2019 puisque la liste En Marche avait su, à Paris toujours, attirer près de 33% des suffrages.
Et si, dès lors, l'opération de nationalisation du scrutin municipal à Paris réussit, en partie en tous cas, elle permettrait, peut-être pas d'atteindre les 30%, mais de singulièrement relever les intentions de vote en faveur de la candidate du pouvoir en place. Alors que jusqu'ici, avec Benjamin Griveaux, En Marche plafonnait aux environs des 15%.
Un regain des intentions de votes, à quatre semaines du premier tour de scrutin, offrirait peut-être l'opportunité d'installer une dynamique.
Evidemment, c'est un peu hasardeux, il n'est pas sûr que cela fonctionne. Agnès Buzyn n'est pas Emmanuel Macron. Et quatre semaines, ça semble très court pour inverser la tendance et bousculer le duel annoncé entre Anne Hidalgo et Rachida Dati.
Cette candidature ressemble donc à la dernière carte du "gambler", du "joueur de poker", Emmanuel Macron qui affirme, dit-on, croire encore à la victoire.
Seulement, quand bien même ça marcherait, quand bien même le miracle de la présidentielle se reproduirait, une victoire à Paris ne serait qu'un cache misère pour La République En Marche et le chef de l'Etat. Comme l'avait été pour la gauche la victoire de Bertrand Delanoë en 2001 ou encore la victoire de Jacques Chirac pour la droite en 1977.
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