Attaque au couteau à Paris : la droite prise en flagrant délit de posture politicienne

Les Républicains réunis en conseil national le 27 janvier 2018
Les Républicains réunis en conseil national le 27 janvier 2018 ©AFP - GEOFFROY VAN DER HASSELT
Les Républicains réunis en conseil national le 27 janvier 2018 ©AFP - GEOFFROY VAN DER HASSELT
Les Républicains réunis en conseil national le 27 janvier 2018 ©AFP - GEOFFROY VAN DER HASSELT
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Retour sur les réactions politiques après l'attaque au couteau à Paris samedi soir. Emboîtant le pas de l'extrême-droite, la droite a versé dans la surenchère sécuritaire. Ce qu'elle n'avait pas fait lors de la précédente attaque au couteau à Marseille le 1er octobre dernier.

20h50 dans le deuxième arrondissement parisien samedi soir, un jeune homme de 20 ans cherche à semer la mort avec un couteau de cuisine.  Le mode opératoire est "rudimentaire" selon les mots du ministre de l'intérieur qui insiste sur la difficulté à prévenir ce type d'actes.

Ce n'est pas le premier de ce genre depuis l'élection d'Emmanuel Macron.  Le 1er octobre dernier, gare Saint-Charles à Marseille, un homme poignarde deux jeunes femmes avant d'être abattu par une patrouille de l'opération Sentinelle.  A cette époque, les réactions politiques ont été globalement plus mesurées que celles de ce week-end où l'on a assisté à un tir groupé droite et extrême droite. Laurent Wauquiez pour Les Républicains en première ligne. Il y a 7 mois, les LR s'étaient fait discrets, l'extrême droite seule ou presque avait sonné la charge contre le gouvernement.

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Une explication : on est à ce moment précis à la toute fin du débat parlementaire sur la loi sécuritaire du quinquennat - la seule pour le moment - la loi SILT, acronyme pour "sécurité interieure et lutte contre le terrorisme". Les députés ont même terminé la discussion, ils vont adopter la loi 2 jours plus tard à une très large majorité : 415 voix POUR.  Mais sur les 100 membres des Républicains, 84 s'y opposent, 9 s'abstiennent et 5 votent POUR. Du côté des élus FN, tous votent CONTRE sauf Emmanuelle Ménard. Et Nicolas Dupont-Aignan, lui, choisit l'abstention. On comprend mieux pourquoi à l'automne dernier, hormis l'extrême-droite, les Républicains avaient choisi de faire profil bas après l'attaque de Marseille.

La droite choisit la surenchère sécuritaire pour exister 

Sept mois plus tard, certains se disent que le débat parlementaire est loin derrière, qu'on a oublié leur opposition à un texte que certains d'entre eux, sous une autre majorité, auraient pu écrire et proposer. C'est donc sur ce terrain là que l'éxécutif a choisi de répondre hier.  Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux sur RTL.  

Benjamin Griveaux sur RTL le 13 mai 2018

8 sec

Alors c'est vrai, depuis il y a eu l'attaque de Trèbes et de Carcassonne, c'était le 23 mars. Puis cette attaque au couteau samedi soir. Une accumulation qui pourrait expliquer la colère des Républicains. Emmanuel Macron avec sa politique économique laisse si peu d'espace à la droite que cette dernière n'a plus guère que les enjeux de sécurité et d'identité pour tenter d'exister. Ce qui interroge, ce sont les propositions des LR.

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Dans un communiqué de presse hier midi, Laurent Wauquiez exige, je le cite, la mise en place "de mesures qui s'imposent et que nous demandons depuis des mois".  Quelles sont-elles ?

  • "Interner de manière préventive les individus fichés les plus dangereux." Ni l'agresseur de Marseille, ni celui de l'Aude n'étaient fichés. Ils étaient uniquement connus des services de police pour des faits de droit commun. Celui de Paris samedi était fiché S depuis 2016 mais "surveillé à bas bruit car c'étaient plutôt ses relations qui avaient appelé l'attention des services" selon une source proche du dossier.  
  • Deuxième proposition des Républicains : "Expulser systématiquement les fichés S qui n'ont pas la nationalité française." Dans les 3 attaques dont nous parlons, seul l'auteur des faits de samedi soir était fiché. Mais il n'était pas étranger puisque naturalisé français en 2010 à l'âge de 13 ans.

Je passe sur la proposition de Nicolas Dupont-Aignan qui souhaitait, il y a une semaine de cela, avant même cette attaque à Paris, créer un bagne d'un genre nouveau sur les îles Kerguelen. Au sortir de ce week-end, après tout juste, aujourd'hui même, un an de macronisme, la droite française non seulement n'a presque plus d'espace politique mais elle est en outre prise en flagrant délit de posture politicienne.