Les Républicains ont confirmé leur soutien au président sortant de PACA, Renaud Muselier. Celui-ci s'est engagé à ne pas intégrer de ministres ou de parlementaires LREM sur ses listes. Mais l'ambiguïté reste de mise.
En politique, il est parfois complexe de distinguer ce qui relève de la simple pantalonnade et ce qui révèle un mouvement de fond.
Le psychodrame joué hier par les Républicains semble emprunter à l'un et à l'autre.
La comédie de boulevard d'abord. Avec son personnage principal, Renaud Muselier, jovial président de la région Sud, convoqué par son parti Les Républicains, pour s'expliquer sur son flirt avec La République en Marche.
Au siège de LR, la réunion se tient à huis-clos. Probablement le huis-clos le moins discret de France. Des participants font fuiter au fur et à mesure les discussions ; des fuites publiées en temps réel par les journalistes sur Twitter.
Comme s'il manquait un quatrième mur à la pièce, comme sur une scène de théâtre.
Désormais, il faut se le dire, une réunion politique qui compte plus de deux participants est vouée à devenir un débat public en direct.
Autre personnage : Eric Ciotti, LR, tendance droite de la droite. Fines lunettes et crâne glabre. Ulcéré par l'idée même d'une alliance avec les macronistes. Il est doublement concerné par les régionales en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Elu des Alpes-Maritimes, il préside aussi la commission nationale d'investiture, celle qui donne le coup de tampon pour les candidats étiquetés Les Républicains.
Il y a aussi les personnages secondaires. Ceux qui ponctuent les scènes de leurs commentaires. Quasiment des didascalies. On trouve en bonne place Jean-Pierre Raffarin, chiraquien devenu macroniste, qui livre cette analyse sur BFM : « Quand la droite se durcit, elle se rétrécit ».
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Voilà qui ouvre un infini champ de réflexion sur la droite molle et la droite dure, nous y reviendrons.
Dans cette pièce de théâtre, il y a les acteurs, mais aussi le texte...
Ou les textes, plutôt, puisque les Républicains ont passé la journée à écrire des communiqués. Profusion de pages. La clarté de la situation s'amenuisant avec le volume des publications.
C'est d'abord Renaud Muselier, le candidat soupçonné de vouloir s'allier avec La République en Marche, qui dégaine. Sa prose est très réussie : elle est parfaitement floue.
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On peut y lire tout et son contraire. Il assure refuser un accord d'appareils, mais dans le même temps, il se dit sensible au soutien du Premier ministre, Jean Castex. C'est si ambigu qu'on croirait une motion de synthèse du Parti socialiste de la grande époque.
La direction du parti Les Républicains publie elle aussi son communiqué.
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Finalement, elle soutient bien Renaud Muselier, à condition qu'aucun ministre, qu'aucun parlementaire macroniste ne figure sur la liste.
Or, manque de chance, la candidate d'Emmanuel Macron, qui était prête à se rallier, est ministre. Il s'agit de Sophie Cluzel, en charge du handicap.
Bref, le quiproquo n'est pas résolu. Même si LR sauve la face. « La famille est secouée mais rassemblée », assure son patron, Christian Jacob.
Cela faire rire un ancien de la famille, le candidat du Rassemblement national dans la région Sud : Thierry Mariani, ex-député LR, passé chez Marine Le Pen. Et évidemment, il boit du petit lait :
« Ce parti n'a plus de colonne vertébrale. Aujourd'hui, prendre une carte aux Républicains, c'est la loterie : vous ne savez pas si vous allez tomber du côté de Macron, ou du côté de l'opposition » (sur France Info).
Thierry Mariani, ex-député de droite, désormais au RN, et Renaud Muselier, candidat LR tenté par le rapprochement avec Emmanuel Macron... Ces deux hommes symbolisent, sur le fond, les tentations contradictoires de la droite.
Le côté Janus des Républicains, qui lorgnent vers le centre et vers la droite extrême. Autrement dit, vers La République en Marche et vers le Rassemblement national.
D'ailleurs, le dépeçage a déjà commencé. Au-delà de la région Sud, un exemple plus discret : en Meurthe-et-Moselle, cela vient d'être annoncé, la tête de liste du parti de Marine Le Pen sera un ancien député UMP, Philippe Morenvillier.
Voici donc le parti LR coincé entre deux forces qui le dévitalisent. Au point d'inquiéter Xavier Bertrand, l'un des présidentiables.
Hier, au moment où se jouait la comédie de boulevard, il a écrit à tous les parlementaires de droite, comme le révèle Le Figaro. Il les met en garde contre « le chant des sirènes » et les exhorte à « l'unité ».
Xavier Bertrand craint manifestement que le boulevard n'aboutisse à une impasse.
Frédéric Says
L'équipe
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