Au PS, le parti pris d'un petit parti

Initiales du Parti socialiste dans les locaux de Solférino le 16 mars 2018
Initiales du Parti socialiste dans les locaux de Solférino le 16 mars 2018 ©AFP - Stéphane de SAKUTIN
Initiales du Parti socialiste dans les locaux de Solférino le 16 mars 2018 ©AFP - Stéphane de SAKUTIN
Initiales du Parti socialiste dans les locaux de Solférino le 16 mars 2018 ©AFP - Stéphane de SAKUTIN
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Les socialistes sont divisés sur l’éventualité d’un accord avec la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon en vue des élections législatives. L’ancien président, François Hollande, dénonce un accord inacceptable qui conduirait à la disparation du Parti socialiste.

Le parti socialiste vit depuis quelques jours un drame existentiel dont il ne sortira pas indemne. Tout commence mardi de la semaine dernière, le 19 avril, quelques jours avant le second tour de l’élection présidentielle.

Le premier secrétaire, Olivier Faure, réunit le Conseil national du parti et fait voter par ses troupes l’octroi d’un mandat lui permettant d’engager des négociations avec Jean-Luc Mélenchon et La France Insoumise en vue des élections législatives...

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Une semaine plus tard, ce mardi 26 avril, Olivier Faure réunit cette fois le bureau national du parti. On est alors à la veille du début des discussions avec les Insoumis. Et il est vivement critiqué par les représentants du courant minoritaire qui l’interrogent :

"Sur quoi précisément porteront les négociations ? Quelles seront ses lignes rouges ? - Il n’y en a pas" répond-il. Alors la discussion s’envenime. Le ton monte. Et le premier secrétaire s’emporte : "partez, dit-il à ses détracteurs. Si vous pensez qu’il n’y a plus rien à faire, que le PS n’appartient plus à la gauche, partez. Rejoignez La République en Marche”.

Le matin même, l’ancien Premier ministre, Lionel Jospin, avait fait cette mise en garde dans une interview au journal Le Parisien : le parti socialiste peut positivement participer “à un accord électoral de toute la gauche, à condition qu’on ne cherche pas à l’écraser”.

Or, c’est précisément ce que craignent les contradicteurs d’Olivier Faure, et plusieurs éléphants socialistes, François Hollande en tête. Que Jean-Luc Mélenchon écrase et marginalise le PS. Et pour cause. Le leader des Insoumis avait annoncé la couleur en 2017 en affirmant avoir l’ambition de “remplacer le Parti Socialiste”.

La soumission du PS aux Insoumis

Aujourd’hui, il est en position de pouvoir le faire puisqu’il fait valoir son hégémonie à gauche, fort de ses 22% au premier tour de la présidentielle. C’est d’ailleurs sur cette base que veut négocier Jean-Luc Mélenchon. Il veut attribuer les investitures aux législatives en fonction du résultat obtenu par chacune des formations politiques de gauche au premeir tour. Dans ces conditions, avec le tout petit score d’Anne Hidalgo, 1,75%, le PS ne peut espérer décrocher que quelques circonscriptions.

C’est ce qui a conduit François Hollande à se précipiter sur France Info, jeudi 28 avril, pour dénoncer des discussions et un accord "inacceptable”. Si le PS le signe, c’est "qu’il acceptera de disparaître” a sentencieusement prophétisé l’ancien président.

Avec d’autres, Anne Hidalgo, Patrick Kanner, Carole Delga, François Hollande préconise de s’appuyer sur le réseau d’élus locaux dont dispose encore le PS, d’investir des candidats partout et de sauver ce qui peut encore l’être.

D'ailleurs, la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, n'a attendu personne pour passer à l'acte et montrer qu'elle ne se soumettra pas aux Insoumis. Elle a elle même investi, hier, plusieurs candidats avec l'étiquette socialiste dans le département du Tarn.

L’annonce de ce possible accord avec la France Insoumise constitue donc un tournant majeur et agit comme une bombe à fragmentation au sein du parti socialiste.

Il y a d’un côté les nostalgiques de ce que fut le PS par le passé, un grand parti de gouvernement auquel venaient s’agréger les autres forces politiques de gauche. Ceux-là cherchent désespérément à ranimer la flamme. Et puis il y a les autres. Ceux qui, derrière le premier secrétaire Olivier Faure, acceptent ce que semble être devenu le PS aujourd’hui : un petit parti, supplétif d’une autre force politique plus grande que lui.

L'effondrement des deux ex-partis de gouvernement est durable

La réalité électorale montre que le PS a enregistré consécutivement deux défaites extrêmement sévères à l’élection présidentielle : 6% avec Benoît Hamon en 2017, moins de 2% avec Anne Hidalgo en 2022.

Et ce n’est pas un accident. Car on peut faire le parallèle avec le score de Valérie Pécresse, moins de 5%, et faire ce constat que la droite républicaine vit, cinq ans plus tard, ce qu’a vécu le parti socialiste en 2017.

Les deux grands partis de gouvernement se sont effondrés électoralement en quelques années et ça signifie que le scrutin de 2022 est une confirmation de ce qui s'est passé en 2017, qu'il constitue une réplique du séisme qui avait bouleversé le paysage politique français.

Ca veut dire que des forces travaillent en profondeur et que s’opèrent vraisemblablement des changements structurels. Concernant le clivage gauche/droite notamment, qui se traduisait concrètement par l’opposition entre les deux grands partis de gouvernement, Parti socialiste et Les Républicains, nous avons la confirmation avec cette élection que le clivage gauche / droite n’a pas forcément disparu mais qu’il n’est plus l’élément structurant de la vie politique française.

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