Comment désigner son candidat à la présidentielle ?

Le président de LR, Christian Jacob, a proposé à son parti de se prononcer sur une primaire si aucun "candidat naturel" ne s'impose d'ici à juin 2021.
Le président de LR, Christian Jacob, a proposé à son parti de se prononcer sur une primaire si aucun "candidat naturel" ne s'impose d'ici à juin 2021. ©AFP - Ludovic Marin
Le président de LR, Christian Jacob, a proposé à son parti de se prononcer sur une primaire si aucun "candidat naturel" ne s'impose d'ici à juin 2021. ©AFP - Ludovic Marin
Le président de LR, Christian Jacob, a proposé à son parti de se prononcer sur une primaire si aucun "candidat naturel" ne s'impose d'ici à juin 2021. ©AFP - Ludovic Marin
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Primaire ou pas primaire ? Le parti LR a décidé hier de repousser son choix, signe des incertitudes qui traversent les mouvements politiques.

Faut-il une primaire ou pas ? Et si oui, ouverte ou resserrée aux seuls militants ?

Face à ces questions, les dirigeants de LR ont donc choisi de ne pas trancher. Les chapeaux à plume ont enterré la hache de guerre. Ils se sont mis d’accord pour en reparler après les régionales, au mois de juin. 

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Voilà qui fait penser à la maxime prêtée à Henri Queuille, président du Conseil sous la IVème république : “il n’est pas de problème qu’une absence de solution ne finisse par résoudre”. 

Les Républicains se sont donc convertis au Queuillisme. La patience vaut mieux que l’imprudence. 

Dans le texte adopté à l’unanimité hier, deux scénarios sont envisagés. 

Soit, d’ici au mois de juin, un candidat s’impose naturellement, est-il écrit… 

Soit ce n’est pas le cas, et alors un système pour départager les prétendants sera proposé. 

Départage

Derrière cela, il y a deux choses à avoir en tête. D’abord, la réticence envers le système des primaires. Nombre de cadres de LR sont encore traumatisés par les divisions engendrées en 2016, le match Fillon - Sarkozy - Juppé ayant tourné à la guerre sourde. Mais le principe d’une primaire est inscrit en toutes lettres dans les statuts du parti de droite. Elle ne peut donc être balayé d’un revers de main. 

Deuxième paramètre : Bruno Retailleau est candidat et chaud partisan de cette primaire. Le chef de file des sénateurs LR imagine que sa ligne volontiers conservatrice et libérale conviendrait bien aux militants Les Républicains. 

Son principal adversaire, c’est Xavier Bertrand. Lui a fait le choix de contourner le parti, dont il n’est d’ailleurs plus adhérent. Pour s’adresser directement aux Français, monter dans les sondages et s’imposer comme l’évidence de la droite. 

Il espère devenir le candidat naturel, pour reprendre les termes du texte adopté hier.

Mais qu’est-ce qu’un “candidat naturel” ? 

C'est là où cette affaire va au-delà des petites querelles internes à la droite.

Un candidat naturel, est-ce un prétendant bien placé dans les sondages à un an de l’élection ? 

Dans ce cas, deux exemples :

Edouard Balladur était un candidat naturel, il a été battu. François Hollande n’était pas un candidat naturel, il a été élu. 

Et ce dilemme sur la méthode de désignation du candidat ne concerne pas seulement la droite…

Non, à vrai dire, tous les mouvements politiques s’interrogent sur leurs méthodes. 

Hormis à La République en Marche - où le choix du candidat sera une primaire avec un seul électeur -, Emmanuel Macron lui-même, tous les autres mouvements traversent des doutes… 

Le Parti socialiste, mené par Olivier Faure, veut instaurer une sorte de programme commun avec les autres forces de gauche, avant de discuter casting. 

Les Verts réfléchissent à une sorte de confédération avec d’autres mouvements écologistes et un vote en commun. 

Il n’y a guère que les deux plus anciens, les deux vétérans de la présidentielle, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, qui se soient lancés sans plus d’embarras. La première par une décision sans appel, le second par une procédure sans risque, en recueillant des signatures par internet. 

La question plus large est celle-ci : qu’est-ce qui légitime un candidat à la présidence de la République ? 

La loi répond que c’est le parrainage de 500 élus locaux. 

Mais l’aspect juridique ne suffit pas. Dans la Vème République, qui place l’homme ou la femme face au peuple, il faut un appel, un enthousiasme, une dynamique. 

Or, les partis politiques, fragilisés, usés, vidés d’une partie de leurs militants, sont parfois l’antithèse de cet enthousiasme. 

D’où la nécessité de choisir la meilleure méthode de sélection, la meilleure rampe de lancement, pour éviter que le candidat, lui, ne rampe dans les sondages. 

Frédéric Says