
Tous deux tentent ces jours-ci une grande opération résurrection. Jérôme Cahuzac met fin à son silence, au travers de confidences à paraître dans un ouvrage, celui de l’historien et éditeur Jean-Luc Barré. « J’ai menti par devoir », dit notamment l’ancien ministre, dont le procès doit s’ouvrir dans les prochaines semaines… Sous-entendu, j’ai menti pour protéger plus puissant que moi.
Jean-François Copé , lui, met fin à un an et demi de diète médiatique. Il sort un livre, ces jours-ci, le "Sursaut français". Il y raconte dès les premières pages - et à nous en tirer les larmes -, comment il a été berné dans l’affaire Bygmalion, trahi par ses collaborateurs, qui ont organisé un système de fausses factures, sans bien entendu lui en parler.
On entend presque les violons quand l’ancien président de l’UMP décrit sa démission forcée, imposée par ses propres amis politiques. Mais tout va bien Jean-François Copé nous dit que cet épisode l’a changé, qu’il a pu écouter les Français, qu’il fait désormais de la politique autrement. Copé, Cahuzac, ou le bal des revenants qui exhibent leurs stigmates pour mieux ressusciter…
Si l’on était mauvais esprit, on parlerait de retour de la momie… sauf qu’ici les bandelettes sont toutes fraîches, pour ces grands brûlés de la politique, dont on ne jugera pas des fautes, si ce n’est pour dire qu’ils ont sans doute joué d’un peu trop près avec le feu.
*Que disent de notre vie politique ces tentatives de retour ? Dans beaucoup d’autres pays, on n’entend plus parler des élus qui ont été défaits ou condamnés… *
Il y a là quelque chose qui tient de l’addiction, comme une addiction au jeu. Yasmina Reza disait joliment des politiques qu’ils sont à la fois le joueur et sa propre mise. Et ces éternels retours font penser à ces accros qui espèrent récupérer au grattage ce qu’ils ont raté au tirage.
A vrai dire, il y a en France une sorte de mythe du "retour triomphal". Ne remontons pas à Napoléon : tous les politiques ont dans leur panthéon imaginaire le Chirac groggy de 1993… délaissé de tous, aux abois, meurtri… Celui-même qui entre à l’Elysée deux ans plus tard. Tous pensent à la trajectoire de François Mitterrand, essoré après l’affaire de l’attentat de l’observatoire, l’homme le plus détesté de France, qui conquiert des années après un double septennat. Voilà la douce vie politique de ce pays où le temps agit comme un baume, où les cicatrices valent absolution.
Projetez-vous d’ailleurs quelques secondes dans le passé : oh pas loin, par exemple... en 2004. Et dites à la première personne que vous rencontrez, que l’homme politique qui vient d’être condamné pour prise illégale d’intérêt, emplois fictifs au RPR, qui s’exile au Québec pour enseigner, eh bien que cet homme politique… est en tête des sondages à droite, en 2016, pour la présidentielle. Le bal des revenants réserve décidément bien des surprises...
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