Entre la présidentielle et les législatives, la période "Père Noël"

Emmanuel Macron, le 23 juin 2016
Emmanuel Macron, le 23 juin 2016 ©AFP - Eric Piermont
Emmanuel Macron, le 23 juin 2016 ©AFP - Eric Piermont
Emmanuel Macron, le 23 juin 2016 ©AFP - Eric Piermont
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Période à haut risque pour le président nouvellement élu : le moindre faux-pas peut lui coûter la majorité à l'Assemblée nationale. D'où la multiplication de mesures consensuelles d'ici au 11 juin, date du premier tour des législatives.

La période "Père Noël" : c’est ainsi qu’on pourrait appeler cette séquence très particulière, coincée entre l’élection présidentielle et les législatives. Le président a été élu, mais il ne dispose pas encore d’une majorité à l’Assemblée nationale. Autrement dit, il a signé le contrat de vente, mais les Français gardent un droit de rétractation. Voilà donc pourquoi Emmanuel Macron va faire très attention à ne pas commettre le moindre faux-pas, d’ici au 11 juin.

L'Histoire incite à la prudence. En 2007, la droite avait perdu un nombre important de sièges... en quelques secondes. Un propos ambigu du nouveau ministre Jean-Louis Borloo sur une éventuelle hausse de la TVA avait provoqué le trouble :

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Résultat : un mois après l’élection de Nicolas Sarkozy, le PS avait limité la casse aux législatives.

La fois suivante, en 2012, François Hollande avait retenu la leçon : avant les législatives, pas un mot plus haut que l’autre... mais des premières mesures populaires : l’augmentation de l’allocation de rentrée scolaire, et la baisse de la rémunération du chef de l’État, qui avait été promise pendant la campagne. L’état de grâce s’était ainsi prolongé de quelques semaines, et le Parti socialiste avait obtenu à lui seul la majorité absolue.

Lois peu clivantes et décrets consensuels

Cet "entre-deux-élections", c’est le moment où l’on envoie de beaux messages symboliques. Par exemple avec la formation du premier gouvernement : il est toujours resserré, paritaire, ouvert. Quitte à revenir dessus une fois les législatives passées. En général, il est alors beaucoup moins resserré et les hommes reprennent les postes-clé. L’exemple le plus caricatural demeure les "Juppettes" (sous Jacques Chirac), ces femmes ministres promues puis remerciées en moins d’une saison.

Emmanuel Macron a ces jurisprudences en tête... L'agenda de ces prochaines semaines le montre. Le premier projet de loi adopté en conseil des ministres portera sur la moralisation de la vie publique. Impossible de trouver un sujet plus consensuel, moins clivant - à moins de légiférer contre la torture des chatons...

De même, à court terme, une loi est prévue pour garantir un "droit à l'erreur" des citoyens et des entrepreneurs face à l'administration. Là encore, difficile d'y être opposé. En revanche la réforme du marché du travail, plus clivante, est elle programmée... après les législatives.

Le défi n’est pas mince pour le nouveau chef de l’État : il doit passer de 0 députés sortants, à 289 pour avoir la majorité absolue. Après la présidentielle, ce serait une deuxième prouesse électorale. Cela vaut bien de faire durer un peu la lune de miel avant de passer aux sujets qui fâchent.