

Se rallier ou non ? Après le désistement de l'écologiste Yannick Jadot au profit de Benoît Hamon, la pression s'accentue sur Jean-Luc Mélenchon.
Il avait tout prévu sauf ça. Quand Jean-Luc Mélenchon est parti en campagne, il y a maintenant plus d’un an, il pensait pouvoir enfin s’expliquer dans les urnes avec François Hollande. Au pire, avec Manuel Valls, co-responsable du bilan.
Et voici qu’au lieu de cette explication finale des deux gauches, son adversaire se nomme Benoît Hamon. Lui-même sorti du gouvernement sur fond de désaccord politique. Pire, ce dernier réussit une première étape vers le rassemblement, avec le ralliement du candidat écologiste Yannick Jadot.
Forcément, à moins de soixante jours du premier tour, les regards se tournent vers Jean-Luc Mélenchon. Union ou pas ? La pression est grande pour lui, le dilemme aussi.
Peut-il continuer à tracer sa route, comme si de rien n’était ? Alors même que le Front national caracole en tête, que le centre se coalise (alliance Bayrou Macron), que la gauche se coagule (PS-Verts) ?
Mais en même temps, peut-il renoncer, après avoir bâti patiemment son mouvement, la France insoumise ; après avoir obtenu le soutien, difficile, des communistes ; après avoir fait salle comble ici et là - avec ou sans hologramme ? Comment ses partisans pourraient-ils comprendre qu’il ait refusé avec clarté la joute de la primaire de gauche, si c’est pour se retirer ensuite piteusement au coin du bois ?
Voilà les sentiments contradictoires auxquels font face les Mélenchonistes.
Le patron du Front de gauche, cultivé, bercé par l’Histoire, sait qu'elle serait impitoyable avec lui, si le visage de Marine Le Pen s’affichait sur les écrans le 7 mai prochain à 20 heures.
A 65 ans, Jean-Luc Mélenchon voulait parachever une carrière politique et un raisonnement. Le raisonnement ? La social-démocratie est un astre mort, qui éclaire encore mais n’existe plus. Une certitude qui l’a poussé, après quelques déconvenues en interne, à quitter le PS en 2008. Et à fonder son parti, persuadé qu’il existe un espace politique entre les forces anti-capitalistes d’extrême gauche et la sociale démocratie bon teint. Pour le dire vite, entre Besancenot et Moscovici.
D’où la difficulté pour le candidat "insoumis" de se soumettre à un PS qu’il abhorre.
Dans cette présidentielle où tout le monde se rapproche, Jean-Luc Mélenchon fait office de célibataire endurci, qui dit à qui veut l’entendre qu’il vaut mieux être seul que mal accompagné.
Le dilemme de Jean-Luc Mélenchon n’est pas un dilemme de théorie politique, il est concret, à court terme : les parrainages doivent être déposés avant le 17 mars.
Résistera-t-il à la pression ? Les sondages le placent derrière Benoît Hamon – et "JLM" ne peut guère les rejeter, ces sondages, car il en a fait la publicité lorsqu’ils lui étaient favorables.
Doit-il se démarquer du candidat socialiste, cliver sur les points de désaccords du programme : protectionnisme, revenu universel ? Doit-il dénoncer les slogans un peu faciles comme le « futur désirable » promu par Hamon ?
Difficile, car si jamais l’union finit par aboutir, ces critiques seront retenues contre lui… François Bayrou et ses anciennes déclarations hostiles à Emmanuel Macron en savent quelque chose :
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Le candidat de la France insoumise ne peut donc ni insulter l'avenir, ni son rival à gauche. On l'a vu hier soir, sur France 2, il retient ses coups et ses petites formules dont il a pourtant le secret.
En l’état, Jean-Luc Mélenchon est donc bloqué, coincé dans ce dilemme. Obligé, lui le doyen de cette présidentielle, d’avancer face aux vents contraires du rassemblement, face aux bourrasques du « dégagisme ». Concept qu’il a promu et qui pourrait bien se retourner contre lui.
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