Gérald Darmanin présent à la manifestation des policiers

Le ministre de l'Intérieur le 25 février 2021 à Marseille.
Le ministre de l'Intérieur le 25 février 2021 à Marseille. ©Maxppp - GUILLAUME HORCAJUELO/EPA/Newscom
Le ministre de l'Intérieur le 25 février 2021 à Marseille. ©Maxppp - GUILLAUME HORCAJUELO/EPA/Newscom
Le ministre de l'Intérieur le 25 février 2021 à Marseille. ©Maxppp - GUILLAUME HORCAJUELO/EPA/Newscom
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Le ministre de l'Intérieur prendra part au rassemblement. Les syndicats organisateurs dénoncent, entre autres, le laxisme des réponses de l'Etat face aux agressions contre les forces de l'ordre.

Le ministre de l'Intérieur... à l'extérieur ! Une manifestation en plein air des policiers près de l'Assemblée nationale a lieu cet après-midi, à l'appel de plusieurs syndicats. Gérald Darmanin a donc prévu de se mêler aux manifestants.

Si la situation n'était pas si dramatique, elle serait presque cocasse. Le ministre participe à un cortège qui dénonce, entre autres, le "laxisme" du gouvernement face aux agressions de policiers. 

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Symboliquement, Gérald Darmanin sera à la fois le porteur de pancartes et la cible de celles-ci. Lorsque le macronisme promettait le "en même temps", on ne pensait pas qu'il pousserait le concept à ce point. 

Attention à la confusion des genres néanmoins. Jean Castex a prévenu, en petit comité, dès hier : « Le ministre de l'Intérieur ne manifeste pas, il ira saluer les policiers ».

L'inconfort que suscite cette sortie publique est lié à l'ambiguïté du rassemblement.  

S'agit-il d'un hommage au policier Eric Masson, tué par un trafiquant de drogue présumé dans le centre d'Avignon ?

Est-ce l'expression d'un malaise professionnel, d'un manque de considération et de moyens dans la police ?

Ou bien est-ce un rassemblement revendicatif pour des peines planchers, pour un changement de la loi, comme le suggèrent à la fois le tract des syndicats de police et le choix du lieu, l'Assemblée nationale, le pouvoir législatif ?  

C'est en réalité un peu de tout cela. Et comme pour chaque manifestation, se pose pour les responsables politiques la question du message qu'ils souhaitent envoyer en y participant ou pas. Fabien Roussel (PCF), Yannick Jadot (EELV), Olivier Faure (PS), François Baroin (LR), Marine Le Pen (RN) y seront.  

Peut-on se joindre à un cortège sans en soutenir l'ensemble des mots d'ordre ? Peut-on participer à une manifestation sans être d'accord avec tous ses organisateurs ? 

Question complexe et insoluble. Elle ne concerne d'ailleurs pas seulement la mobilisation du jour. La France insoumise avait dû se justifier, par exemple, après avoir participé à une marche contre l'islamophobie, il y a un an et demi, où défilaient aussi plusieurs religieux très controversés.   

Pour Gérald Darmanin, le message est assez clair : sa présence équivaut à une sorte de « je vous ai compris » à l'égard des agents. Une tentative de désamorcer la cocotte-minute.  

Bien sûr, les manifestations de policiers ne sont pas une nouveauté.  

En 1983, après le meurtre de deux d'entre eux, ils s'étaient rassemblés pour demander des comptes au pouvoir politique. Ecoutez le journal d'Antenne 2 à l'époque : 

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Visés par les slogans : Gaston Defferre, le ministre de l'Intérieur et Robert Badinter, le garde des sceaux, accusé – déjà - de défendre le laxisme judiciaire.  

Depuis ces mobilisations vont crescendo, en particulier ces dernières années.  

Souvenez-vous des menottes jetées au sol, ou des rassemblements nocturnes et non déclarés de policiers.

Une colère en écho aux risques encourus pendant le service, mais aussi en dehors.   

L'assassinat d'un couple de policiers à Magnanville en fut l'exemple le plus sordide et le plus extrême, mais dans certaines villes, les membres des forces de l'ordre voient leur nom ou leur adresse taggués sur les murs.  

Dans le même temps, la confiance de la population diminue envers la police, avec des cas de faux témoignages ou d'enquêtes tronquées, selon des éléments révélés par Mediapart tout récemment, dans l'affaire de l'agression des policiers à Viry-Chatillon.

Si Gérald Darmanin se reconnaît en "premier flic de France" - il revendique l'expression, il prend le risque de devenir non pas le ministre de l'Intérieur mais le ministre de la police, ce qui est différent.  

Certes, par ce défilé, il veut montrer qu'il ne se défile pas. Mais il ne peut pas devenir le syndicaliste-en-chef des forces de l'ordre, autrement dit l'agent des agents.

Car l'intérêt général ne recoupe pas les intérêts catégoriels.

Reste à savoir ce que le ministre Gérald Darmanin répondra au manifestant Darmanin Gérald.  

Frédéric Says

L'équipe