Jean Castex, entre le marteau et l'enclume

Le chef du gouvernement doit tenir une conférence de presse, ce jeudi à 18 heures, pour faire le point sur le confinement.
Le chef du gouvernement doit tenir une conférence de presse, ce jeudi à 18 heures, pour faire le point sur le confinement.  ©AFP - Thomas Coex
Le chef du gouvernement doit tenir une conférence de presse, ce jeudi à 18 heures, pour faire le point sur le confinement. ©AFP - Thomas Coex
Le chef du gouvernement doit tenir une conférence de presse, ce jeudi à 18 heures, pour faire le point sur le confinement. ©AFP - Thomas Coex
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Jean Castex fait le point sur le confinement ce soir. A priori, pas de grand changement. Et pour cause : il n'y a en fait que des mauvaises solutions.

L’expression “être pris entre le marteau et l’enclume” semble avoir été inventée pour Jean Castex, dans cette pandémie. Le chef du gouvernement est compressé de toutes parts. Entre la santé d’un côté et l’économie de l’autre, entre l’urgence et la relance, entre la demande de protection et celle de liberté… 

Cela fait donc beaucoup de marteaux et beaucoup d’enclumes, au milieu desquelles il faut tenter de forger une politique publique cohérente. 

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Jean Castex a lui-même perdu de son relief depuis plusieurs semaines. 

Rappelez-vous : il a été nommé, disait-on, pour 2 raisons : mieux dialoguer avec les territoires et pour mieux adapter la réponse aux réalités de terrain. 

Cela devaient être ses forces, lui, le "petit maire des Pyrénées-Orientales", comme le décrivaient les stratèges macronistes. 

Or, ces deux atouts ont été totalement grillés. 

Premièrement, la différenciation selon les territoires, il n’y en a plus… Désormais le virus est partout, tous les centres hospitaliers sont en alerte, il n’est donc plus question d’adapter des règles selon les départements, couleur verte, orange, ou rouge. 

Il n’est plus question non plus de transférer des patients d’une région à l’autre, puisque toutes sont touchées. 

Le luxe de la différenciation, c’est du passé. 

Deuxièmement : Le dialogue avec les élus ? Même chose : sous la pression des événements, l’on a vu des maires, pour la première fois, enfreindre la loi et autoriser la réouverture des commerces. Illégal, oui mais le mal est fait, et le dialogue rompu. Jean Castex a été obligé de pousser un coup de colère, à l’Assemblée contre ces élus locaux indélicats, pour le moins.  

Le dialogue avec le terrain : deuxième atout grillé. 

Le premier ministre est aussi entre le marteau et l’enclume, sur le plan institutionnel, d’après vous…

Il est coincé entre un président qui veut décider de tout en "conseil de défense"… Et des ministres poids lourds politiques, qui entendent bien préserver leur autonomie. 

Pour le dire vite, Jean Castex est pressé entre Emmanuel Macron et Bruno Le Maire, le très décidé ministre de l’Economie. 

Le journal Libération évoque d’ailleurs les ambitieux du gouvernement qui se verraient bien à Matignon. Sous-Calife, à la place du sous-Calife, en quelque sorte. 

En attendant, ces ministres veulent avoir les coudées franches... et il n’y a bien que les coudées qui le soient, franches, à en juger par la quantité de petits piques anonymes envers le premier ministre déversées dans la presse.

Et sur le fond aussi, Jean Castex est relativement coincé…

Faut-il serrer encore la vis, alors que le confinement de l’automne est moins bien suivi que celui du printemps ? 

Matignon hésite. Le Premier ministre sait que la population française est divisée. 

Dans la rue, il y a les paranos et les insouciants ; ceux qui portent même des gants et ceux qui ne portent même pas de masques. 

Il y a ceux qui pensent que le gouvernement n’en fait pas assez, et ceux qui pensent qu’il en fait trop. 

Et ce sentiment contradictoire peut d’ailleurs, selon les moments, traverser chacun de nous. 

Tout cela dans un contexte de méfiance envers les élites, particulièrement accentué en France. 

Selon un sondage de l’institut IPSOS, réalisé dans 15 pays auprès de 18 000 adultes, les Français sont le peuple le plus rétif au futur vaccin anti-covid.

Seuls 54% d’entre nous souhaitent se le voir administrer, contre 65% en Italie, 69% en Allemagne, 81% au Brésil, 87% en Inde.

L’histoire ne dit pas si ceux qui refusent le vaccin seront aussi les premiers à râler s’il n’y a pas assez de doses pour tout le monde. Disons que ça n’est pas impossible….

Pendant ce temps, dans les hôpitaux, les patients s’accumulent. Les fêtes de fin d’année approchent, incertaines. Mais les commerçants et bien d’autres brûlent de revenir à la normale ou presque. 

Bref, Jean Castex, pressé de toutes parts, va devoir choisir entre les patients et les impatients.  

Frédéric Says