

Ce thème imprègne la pré-campagne présidentielle.
La “nouvelle frontière” fut l’un des grands slogans de Kennedy. La frontière actuelle est en France l’objet de tous les débats.
La crise sanitaire a ravivé cette controverse avec la question suivante : faut-il fermer les frontières pour se protéger du virus ?
Marine Le Pen a sauté sur l’occasion hier, sur BFM TV :
“On voit que tous les pays du monde ont contrôlé leurs frontières, sauf la France, pour des raisons purement idéologiques”
Immédiatement, le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Clément Beaune, lui a répondu.
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“Des contrôles ciblés” ont lieu aux frontières entre les pays d’Europe, corrige-t-il. Il rappelle aussi que 350 000 Français sont des travailleurs frontaliers. Pas simple... Enfin, selon le ministre, les frontières internes ne sont pas “un rempart miracle” contre la pandémie.
Réédition
La question est plus complexe qu’elle en a l’air. Elle ne peut se poser de manière binaire.
Souvent, les partisans d’une fermeture prennent pour exemple la Nouvelle-Zélande ou Taïwan, en oubliant qu’il s’agit d’îles… Des territoires insulaires qu’il est beaucoup plus simple de rendre hermétiques.
Par ailleurs, sur un accroissement des contrôles aux frontières internes, le gouvernement hésite, à en croire le Journal du dimanche paru hier. Les interdictions (ou limitations) de déplacements entre pays européens seront au menu du sommet de ce jeudi.
Ce débat sur les frontières dépasse bien sûr largement la question du covid. Il est une réédition de l’affrontement de 2017, entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Entre "mondialistes" et "patriotes", affirmait celle-ci. Entre une souveraineté à l’échelle européenne et un repli nationaliste, affirmait celui-là.
La crise sanitaire vient donc donner une nouvelle jeunesse à un débat déjà bien ancien.
Mais il serait injuste de réduire cette question de la frontière à une polémique entre Macronistes et Lepénistes.
Toutes les familles politiques, de La France insoumise à LR, devront travailler leur position sur la question.
Arnaud Montebourg, qui s’est lancé en campagne cette semaine, ambitionne lui aussi de s’en saisir. L’ancien ministre PS compte séduire les "souverainistes des deux rives", comme l’on disait à l’époque de Jean-Pierre Chevènement.
Montebourg voit dans la crise que nous traversons la preuve que nos souverainetés alimentaire, sanitaire, technologique sont mises à mal.
2022
Nul doute, dans ce contexte, qu’aucun candidat au cours de la futur campagne ne songe à défendre des grands traités internationaux de libre-commerce.
D’ailleurs, le gouvernement est bien décidé à ne pas se laisser enfermer dans l’image de "suppôt du libre-échange".
C’est notamment pour cela que le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire a mis son veto sur une opération : le rachat du groupe français Carrefour par le géant canadien des supermarchés, Couche-tard.
Il ne sera pas dit que les commerces alimentaires passent sous pavillon étranger.
Enfin, pas maintenant… D’après Libération et le Journal du dimanche, l’acheteur québécois s’est entendu dire qu’il valait mieux "revenir après la présidentielle".
Puisque que l’on parle de frontière, entre la conviction profonde et l’opportunité politique, en l'occurrence, la frontière est parfois mince.
Frédéric Says
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