

Le feu couve chez Les Républicains ; mais la grande clarification est remise à plus tard.
On a beaucoup parlé - à juste titre - de la crise d'identité que traverse la gauche. Plus discrète est la tectonique des plaques que connaît la droite française. Certes, ce n'est pas encore le séisme, mais on peut distinguer quelques secousses annonciatrices.
D'abord, les divisions sur le deuxième tour. En la matière, chaque mot est important. Et l'on compte au moins cinq nuances de la droite :
1 – "Pas une voix pour le FN"
2 – "A titre personnel, je voterai Macron"
3 – "J'appelle à voter Emmanuel Macron"
4 – "Je soutiens Emmanuel Macron"
Et 5... "je voterai Front national". C'est la position de l'ancienne ministre Christine Boutin. Dans l'ombre médiatique, quelques élus locaux en font de même, à l'image du maire LR de Wissous, dans l'Essonne. C'est aussi le choix d'une figure influente dans l'histoire de la droite gaulliste : Marie-France Garaud (qui forma et propulsa le jeune Jacques Chirac), votera Marine Le Pen.
Effet de la dédiabolisation ? Sans doute. Il est d'ailleurs notable que les télévisions n'ont plus aucun mal à trouver des électeurs du Front National pour témoigner face caméra, en donnant leur nom. Mission impossible (ou fort difficile) il y a encore une décennie.
Mais c'est aussi l'effet du glissement progressif d'une partie de l'électorat de droite : 1/3 des électeurs de François Fillon compte glisser dans l'urne un bulletin "Marine Le Pen", selon les sondages. Les enquêtes montrent aussi l'accord croissant de cet électorat avec les propositions du Front national, notamment sur la sécurité et l'immigration. Seules les positions géopolitiques et anti-euro du FN empêchent la porosité complète. Il y a donc, de fait, un décalage entre les positions des ténors LR et celles de la base.
Cela dit, après une campagne cauchemar et une défaite traumatisante, la droite française se maintient encore relativement compacte. Elle parvient tant bien que mal à dissimuler le violent conflit qui s'annonce. Quelle ligne pour contrer les sirènes lepenistes ? Celle de la "droite Baroin", chiraquienne et sociale ? Ou la "droite Wauquiez", qui emprunte à une rhétorique plus souverainiste et patriote ?
La grande explication est remise à plus tard. Au mois de juin, après les élections législatives. De leur résultat dépendra la vigueur du big bang.
En 2002, lors de sa création, l'UMP a mis sous le même toit les gaullistes, les libéraux, les centristes. Depuis, le parti de la droite est en réalité un consortium de sensibilités diverses... que pas grand-chose ne réunit si ce n'est le ciment de la victoire. Que celui-ci craquelle et les blocs se détacheront d'eux-mêmes.
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