Faute de dirigeant incontesté, Les Républicains tentent de retrouver leur unité en déplorant "l'immobilisme" d'Emmanuel Macron. Suffisant ?
« Faites pas la gueule, la vie est belle ». Voici la première phrase de Christian Jacob ce week-end devant les militants du parti Les Républicains, réunis à la Baule en Vendée. Un peu de candeur, beaucoup de méthode Coué. Le parti ne s'est pas remis de ses 8% aux élections européennes, et les harangues conviviales du chef des députés LR n'y changeront pas grand-chose.
Pas plus de raison de sourire en Haute-Loire, du côté du mont Mézenc, que Laurent Wauquiez a gravi comme à chaque rentrée (et ce malgré sa démission après le désastre électoral). Cette année, la métaphore subtile de l'ascension a tourné court, allez savoir pourquoi.
A 200 kilomètres de là, se trouvait Valérie Pécresse. L'ex-chiraquienne a choisi les terres de Corrèze pour sa rentrée politique. Pendant que Xavier Bertrand peaufine, depuis les Hauts-de-France, sa stature de recours providentiel.
Voilà donc la droite éparpillée. Chacun sa petite chapelle, chacun ses quelques fidèles. On est loin des traditionnelles grand-messes de rentrée, les Campus de la triomphante UMP.
Alors ce n'est pas tout à fait juste : si l'on observe bien, il y a quand même quelques personnalités issues de la droite qui ont le sourire. Par exemple Jean-Pierre Raffarin... Mais pas pour les mêmes raisons.
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N'en jetez plus ! Les tremolos de l'ancien premier ministre sur LCI ont encore dû plomber davantage le moral des responsables LR.
Car que disent-ils, ceux qui n'ont pas cédé aux sirènes du macronisme ?
Ils ont trouvé un nouvel angle d'attaque. Le chef de l’État, selon eux, serait un "Canada dry" de la droite. Une "contre-façon", dit même Bruno Retailleau, l'influent patron des sénateurs LR.
Derrière son réformisme affiché, le président de la République serait même l'incarnation de l'immobilisme, selon le député Guillaume Larrivé. Lequel a même pioché une comparaison dans l'histoire de la IVème République :
"Est-ce Emmanuel Macron n'est pas une espèce d'Henri Queuille junior, ce président du conseil sous la IVème République qui pensait qu'il n'y avait aucun problème qu'une absence de solution ne finisse par régler !" (RFI)
Voilà au moins un point de consensus à droite. « Macron ne fait pas le quart de ce qu'il faudrait », tonne même Valérie Pécresse.
Qu'est-ce que tout cela nous dit de l'état de la droite ?
Eh bien que c'est un mouvement habitué à obéir au chef, un mouvement d'essence bonaparto-gaulliste, qui n'a jamais été aussi puissant que dirigé par un homme fort (Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy). Le chef d'abord, le rassemblement sur le projet ensuite.
Cette fois, faute de dirigeant incontesté, la ligne programmatique reste floue. Et la colonne vertébrale idéologique du parti semble touchée par la scoliose...
Sans unité sur le fond, les Républicains tentent de s'unir dans la critique du pouvoir en place.
Le paradoxe, c'est que tout cela sert Emmanuel Macron.
Ces reproches à droite contre son "immobilisme" agissent comme un contrepoids aux accusations de la gauche, qui dénonce elle un "président ultra-libéral" forcené.
Si l'on résume, Emmanuel Macron serait donc à la fois Alain Madelin et Henri Queuille. De ce double excès, le président joue depuis le début de mandat, pour se présenter en solution médiane, modérée et rassembleuse.
Frédéric Says
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