La France de droite, objet de toutes les convoitises 

Emmanuel Macron, le 10 novembre 2020.
Emmanuel Macron, le 10 novembre 2020. ©AFP - Ian Langsdon
Emmanuel Macron, le 10 novembre 2020. ©AFP - Ian Langsdon
Emmanuel Macron, le 10 novembre 2020. ©AFP - Ian Langsdon
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Avant 2022, les sympathisants de la droite sont courtisés de toutes parts.

Le Parti Les Républicains réenclenche la machine à idées. Il a repris hier soir sa série de "conventions nationales". Des rendez-vous pour tenter de définir la colonne vertébrale idéologique d’une droite qui en a bien besoin. 

Boudée dans les urnes et bousculée par le macronisme, elle tente de se réinventer à moins de 18 mois de la présidentielle. 

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C’est un paradoxe : jamais autant de Français ne sont classés à droite, 39% des personnes interrogées par l’IFOP, en juillet dernier (plus de 50% si on ajoute le centre). Et pourtant, rarement le parti de droite a été en si mauvaise posture. 

Même si les élections municipales n’ont pas été le naufrage annoncé, LR a du mal à faire entendre sa voix. A du mal à montrer son visage. D’ailleurs aucun dirigeant incontesté n’a jusqu’ici émergé.

Comment comprendre ce paradoxe ? 

C'est assez simple, les électeurs de droite représentent une grosse part du gâteau électoral.
Et que cette grosse part suscite les appétits. 

La gourmandise d’Emmanuel Macron, tout d’abord. Le chef de l’Etat a compris qu’une réélection en 2022 passait par la conquête d’une grande partie de cet électorat de la droite traditionnelle. Il s’est d’ailleurs employé à le choyer, entre des réformes économiques libérales et des positions régaliennes très fermes, sur la sécurité ou la cohésion nationale. 

Soit la recette qui plaît au sympathisant LR, même si pour être juste, la Procréation médicale assistée, qu’Emmanuel Macron a aussi fait voter, ne figurait pas précisément dans le programme rêvé de François Fillon. 

En politique, les sigles sont parfois facétieux, on pourrait presque dire désormais que La République en Marche, LREM, c’est en fait LR + EM. C’est à dire Les Républicains + Emmanuel Macron. 

Cette mue du macronisme vers la droite s’est d’ailleurs couplée avec l’émergence des ministres issus de LR : Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu : tous ont accru leur périmètre depuis le début du quinquennat ; tandis que les recrues marquées plus ou moins à gauche en 2017, comme Nicolas Hulot ou l’ancien socialiste Gérard Collomb, ont pris le large.

La nomination de Jean Castex, ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy et de Xavier Bertrand, est venue parachever cette évolution...

A l’évidence, “Macron veut nous asphyxier”, observe Damien Abad, le patron des députés LR. En privé, il reconnaît que son parti ne peut pas vraiment s’opposer frontalement au macronisme. "Sinon nos électeurs ne le comprendraient pas, dit-il. On doit être plus fins, moins frontaux que face à François Hollande". 

En parlant de frontal, l’électorat LR suscite aussi la convoitise au Front national, enfin au Rassemblement national. 

C’est Marion Maréchal qui l’a défini comme un objectif prioritaire, dans l’une de ses rares interviews. 

“Le drame du RN, c'est sa difficulté à parler aux orphelins de la droite” estimait-elle ainsi dans un entretien au Parisien en septembre. 

Autrement dit : il y a là des électeurs en déshérence qu’il faut absorber bien vite. 

Loin de la ligne ni droite ni gauche de sa tante, Marion Maréchal avait déjà choisi en 2015 lors des régionales de centrer sa campagne sur la lutte contre la bureaucratie et la fiscalité, cela pour convaincre les artisans, les commerçants, habituels soutiens de l’UMP, puis des Républicains. 

Voilà donc ce bloc d’électeurs de droite bien courtisé, entre trois mouvements : LREM, Les Républicains et une partie du RN ; trois voies qui rappellent presque les trois droites de René Rémond : Orléaniste, Bonapartiste et Légitimiste. 

Preuve en politique que rien ne se crée, tout se transforme. Il n’en demeure pas moins que la France se droitise, et les candidats avec elle.

Frédéric Says