La gauche ploie sous les candidatures pour la présidentielle de 2022

France Culture
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En 48 heures, Eric Piolle s'est déclaré, Yannick Jadot s'est lancé, Anne Hidalgo s'est avancée. Une multiplication de prétendants pour la présidentielle de 2022 qui rend toujours plus improbable une candidature unique de la gauche.

Comme les mirages, l'union de la gauche s'éloigne... même quand on pense s'en approcher.

Depuis deux jours, c'est une pluie de candidatures. Chez les écologistes, Eric Piolle et Yannick Jadot se lancent dans la primaire où ils rejoignent Sandrine Rousseau.

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Anne Hidalgo, elle, n'a rien annoncé, mais c'est tout comme. Son équipe a publié hier l'appel de 200 élus locaux. Ils encouragent la maire de Paris à se présenter en 2022. Laquelle fait le tour de France des mairies tenues par le PS, dans une sorte de pré-campagne de plus en plus en assumée.

Jean-Luc Mélenchon, candidat depuis longtemps, a convoqué hier une conférence de presse. Deux objectifs : d'abord, ne pas laisser le monopole de la parole médiatique à ces nouveaux venus. Ensuite, prendre acte du fait que l'union de la gauche, autrement dit, un candidat unique, est une idée déjà obsolète. Du reste, lui-même n'y a jamais cru. Il a ostensiblement boudé les réunions de ces derniers mois pour faire émerger une candidature commune.

Au grand dam de Yannick Jadot, l'organisateur de ces réunions : "J'ai tendu la main, je n'ai pas tendu la joue. Vous aurez remarqué que Jean-Luc Mélenchon a plutôt été dans l'invective que dans le dialogue". 

Yannick Jadot sur France Inter. De toute façon, le communiste Fabien Roussel a déjà annoncé sa candidature. Sans oublier les représentants de Lutte Ouvrière et du NPA.

Si la gauche cherche des électeurs, elle ne manque en tout cas pas de candidats.

Pourquoi cette agitation maintenant, à plus de dix mois du premier tour ?

D'abord, en raison du calendrier. Les uns et les autres attendaient le résultat des élections régionales. Indicateur du rapport de force à gauche.

Sans aucune région remportée par Europe Ecologie Les Verts, ce scrutin d'ailleurs redonné confiance au Parti socialiste. « La force motrice à gauche », revendique désormais le premier secrétaire Olivier Faure.

Autre raison de calendrier : pour les prétendants, il fallait envoyer un signal avant les vacances. La fenêtre de tir, c'était donc cette semaine.

En particulier pour les écologistes. Leur primaire arrive vite. Ce sera dès le mois de septembre.

Et puis il y a aussi ces figures hors partis, qui veulent peser sur les idées. Arnaud Montebourg, par exemple, estime que la France est à droite sur les questions régaliennes et à gauche sur les questions sociales. Ce qui revient à proposer une évolution à la danoise. Le Danemark où le parti social-démocrate a fait évoluer son corpus idéologique : fermeté extrême contre l'immigration... et défense absolue de l'Etat-Providence et des droits sociaux.

Si une candidature unique est souhaitée, il faudra aussi faire converger les programmes, ce qui n'est guère plus facile.

Cette multiplication des candidatures enterre-t-elle l'idée d'une union de la gauche de manière définitive ?

Disons au moins qu'elle lui rajoute quelques pelletées de terre. L'union de la gauche, chacun est pour, à condition que ce soit derrière lui.

Les résultats des régionales n'ont pas aidé à promouvoir l'unité.

Dans les Hauts-de-France, la gauche rassemblée dès avant le premier tour a obtenu un score à peine supérieur à 20%.

A l'inverse, les présidents sortants socialistes ont été largement réélus en refusant toute alliance avec les insoumis et parfois même avec les Verts.

Et puis, quand on parle de fusion, celle de la dernière présidentielle rappelle des mauvais souvenirs à gauche.

Souvenez-vous, l'écologiste Yannick Jadot s'était effacé pour rejoindre le socialiste Benoît Hamon.

Mais la fusion n'avait entraîné que la confusion. Et la fonte des intentions de vote. Finalement à 6% au premier tour.

Cela dit, le scénario de la division n'est pas écrit d'avance. Face au regain de forme du parti Les Républicains, face à la menace du Rassemblement national, face à la bonne tenue d'Emmanuel Macron dans les sondages, il n'est pas impossible, qui sait, que la gauche cesse de disséquer les divergences en son sein. Pour mieux se concentrer sur ses adversaires. Du mirage on passerait au miracle.

Frédéric Says