

Alors que nous traversons une période inédite, le gouvernement s'interroge sur l'opportunité de mener la réforme des retraites avant la fin du quinquennat d'Emmanuel Macron.
- Frédéric Says journaliste à la rédaction internationale de Radio France
À première vue, la période que nous traversons est inédite : crise sanitaire, controverses, confinement... Tout semble chahuté. Tous les repères traditionnels chavirent. L'époque est, pour bonne part, gouvernée par l'inconnu. Tous les repères chavirent... ou presque.
Pour ceux qui cherchent dans ce brouillard un vague sentiment d'habitude, de déjà-vu, de concept familier, en voici un qui demeure. Qui surnage, par tous les temps et par tous les flots de l'actualité. J'ai nommé : la réforme des retraites.
Alors même que nous peinons à sortir de la crise, cette réforme est déjà revenue dans la bouche de l'exécutif. On a l'impression que même après une explosion nucléaire ou une invasion d'aliens, il se trouvera quelqu'un en France pour rappeler «l'urgence de la réforme des retraites». Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, en est un ardent avocat. C'était il y a deux jours sur France Info :
Vous voyez bien que les faits sont têtus. [...] Vous ne pouvez pas avoir un régime de retraite qui reste déficitaire pendant des décennies jusqu'à 2045.
Pour rappel, cette réforme des retraites, qui devait instaurer un système unique par points, avait été suspendue en raison de grèves puis de la pandémie au printemps 2020.
Alors, faut-il la remettre sur le métier ?
Au sein des macronistes, deux lignes s'affrontent. Celle de Bercy, donc, qui voit la dette s'alourdir et commence à prendre peur du «quoi qu'il en coûte». Par conséquent, il faudrait retrouver des économies et de la crédibilité financière.
L'autre ligne, c'est celle de Richard Ferrand, le président de l'Assemblée nationale. «Rien ne presse», dit-il en substance sur France 3, dans l'émission Dimanche en politique :
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Pour Richard Ferrand, l'économie n'a pas encore redémarré à plein. Inutile, dans ce contexte, de remettre le feu aux poudres pour grappiller quelques millions, alors même que les règles de discipline budgétaire ont explosé, avec le plan de relance. Cela revient à économiser trois gouttes d'eau alors qu'on a déclenché la lance à incendie.
Réforme des retraites : politique de droite ou rassemblement ?
La divergence est aussi plus politique. Faut-il conforter l'électorat de droite, en montrant que le président réforme jusqu'au bout ? Ou bien, à un peu plus d'un de la présidentielle, faut-il envoyer des signaux plus rassembleurs, au terme d'un quinquennat qui n'en a pas compté tant que cela ?
La décision n'est pas encore prise. Mais ces débats ressemblent à un éternel recommencement. Car si l'on y réfléchit, ces trois mots «réforme des retraites» scandent la vie politique depuis des décennies. Pas un président qui n'ait proposé la sienne.
Cette sorte de mantra s'accompagne d'un chapelet de concepts, qui, à force d'être répétés, deviennent presque poétiques : les «annuités», l'«âge-pivot», la «valeur du point», etc.
«Le monde d'après ne sera pas comme le monde d'avant» promettait Emmanuel Macron lors du premier confinement. Le retour de la réforme des retraites montre que ce pronostic conserve quelques lacunes...
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