

Jeux olympiques, baisse du chômage, reprise de Whirlpool : l'ex-président réhabilité ?
L'ancien chef de l'Etat était parti quasiment sous les huées, lâché par une partie de sa famille politique, lesté par ses confidences imprudentes aux journalistes. Une série d’éléments vient pourtant redorer le blason hollandais.
L'obtention des Jeux olympiques, d'abord. Tout au long de son quinquennat, François Hollande n'a cessé de promouvoir la candidature de Paris, face au scepticisme d'une partie de la presse et des élus. Dont Anne Hidalgo. Voici ce que disait à l'époque la maire de Paris, le 30 mai 2014 :
"Aujourd'hui nous sommes les uns et les autres dans des contraintes financières et budgétaires qui ne me permettent pas de dire que je porte cette candidature."
Hier soir, François Hollande n'a pas attendu plus de quelques minutes avant de faire part de sa réaction : "de la fierté" dit-il, sous-entendu celle du travail accompli. C'est vrai qu'il est toujours plus sûr de se rendre justice soi-même.
De même, dans le champ économique, les indicateurs sont repassés au vert (à l'exception du commerce extérieur) : c'est le 11ème trimestre consécutif de création nette d'emplois salariés, soit une baisse tendancielle du chômage.
Les anciens adversaires de François Hollande se font étonnamment discrets sur ce point. Il faut dire que l'ex-président avait été désigné responsable de toutes les hausses du chômage du quinquennat, difficile ensuite de ne pas lui accorder le crédit des baisses.
Autre bonne nouvelle : l'annonce hier de la reprise de l'usine Whirlpool à Amiens par un industriel picard. Bien sûr, c'est le résultat de l'action conjuguée des collectivités locales, régionales et de l'Etat. Mais cette reprise s'explique aussi par une loi votée en 2014, sous François Hollande : la loi dite "Florange", qui oblige tout groupe de plus de 1000 salariés qui veut fermer un site à chercher un repreneur - et à motiver ses éventuels refus.
Comme le professait l'ancien président sous les lazzis : "ça va mieux". Mais tout cela arrive (hélas pour lui) bien en retard. A l'image de ce personnage peu connu pour sa ponctualité, les retombées positives ont lieu a posteriori. Et profitent à d'autres.
François Hollande, pour rester dans la métaphore sportive, fait penser à ce footballeur qui remonte tout le terrain balle au pied, mais qui cède la frappe victorieuse à un joueur plus frais.
Évidemment, tout cela n'efface pas les échecs, les maladresses, les revers du quinquennat. N'importe quel cadre socialiste a encore des suées froides à l'évocation du 49.3, de la déchéance de nationalité ou de l'épisode Léonarda.
Plantu avait pris l'habitude de dessiner François Hollande avec un nuage pluvieux au dessus de la tête. Conscient du désastre d'image qui l'a suivi pendant son quinquennat, le tout jeune retraité de la politique s'est d'ailleurs lui-même engagé dans une opération de réhabilitation pro-domo.
Il ne faut pas lire autrement ses sorties médiatiques de cet été. L'ancien chef de l’État était moins agacé par les ordonnances que par les attaques d’Édouard Philippe sur l'héritage budgétaire du quinquennat socialiste.
Il en va de même de la probable candidature de Stéphane Le Foll, un très proche, à la direction du PS lors du prochain congrès. Il s'agit de protéger le bilan hollandais, d'empêcher le droit d'inventaire et de conserver le parti au cas où.
Bien décidé à ne pas se retirer et à ne pas rester silencieux, François Hollande illustre - et illustrera - cette question de science politique : un président qui obtient des résultats à contretemps est-il un bon président ?
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