"La traversée" le documentaire de Cohn-Bendit et Goupil : le glissement idéologique de la France, 50 ans après mai 68

Romain Goupil et Daniel Cohn-Bendit, le 16 mai 2018 au Festival de Cannes
Romain Goupil et Daniel Cohn-Bendit, le 16 mai 2018 au Festival de Cannes ©AFP - Anne-Christine POUJOULAT / AFP
Romain Goupil et Daniel Cohn-Bendit, le 16 mai 2018 au Festival de Cannes ©AFP - Anne-Christine POUJOULAT / AFP
Romain Goupil et Daniel Cohn-Bendit, le 16 mai 2018 au Festival de Cannes ©AFP - Anne-Christine POUJOULAT / AFP
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Dans "La traversée", le documentaire de Daniel Cohn-Bendit et Romain Goupil, on assiste au glissement idéologique de la France de 68.

Dans "La Traversée", la France est décrit par Daniel Cohn-Bendit comme "malade et angoissée" et par Romain Goupil comme "moisie". C'est la France de ces migrants et de ces réfugiés que l'on ne parvient pas à accueillir convenablement, c'est la France des gens qui aiment leurs métiers mais qui n'en vivent plus, c'est aussi la France du chômage de masse et des minimas sociaux.  

Extrait 1 "La Traversée"

17 sec

Dans ce passage du film, cette femme travailleuse à temps partiel est une travailleuse pauvre que vous rencontrez ici dans une association et qui vous dit que grâce à elle, au moins, "elle rencontre du monde et ne reste pas enfermée à broyer du noir". Sauf que cette France-là, on se demande si Emmanuel Macron, élu depuis un an et que vous, Daniel Cohn-Bendit, vous avez soutenu, s'en préoccupe. Je parle de cette précarité dont toutes les statistiques montrent qu'elle touche d'abord les femmes, comme celle que l'on vient d'entendre, divorcée qui élève seule son enfant. On pense à tous ces contrats aidés moins nombreux cette année, parce que le président les a diminués, les jugeant inefficaces voire inutiles. Ce sont aussi ces aides sociales dont on sait depuis ce week-end qu'elles risquent de prendre très vite du plomb dans l'aile parce que ce gouvernement entend réduire la dépense publique. 

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Vous formulez d'ailleurs une réflexion en début de documentaire sur ce qui est, selon vous, un glissement idéologique depuis 50 ans et les événements de 68.  Au doigt mouillé, vous dites que le pays est partagé :

50% de Français qui veulent une société ouverte, libérale au sens politique du terme et une autre moitié qui préfère l'Etat, l'Etat et encore l'Etat, ce n'est pas, en cas de doute, la liberté, c'est, en cas de doute, l'Etat - Daniel Cohn-Bendit dans le film "La Traversée"

Emmanuel Macron s'est présenté au suffrage des Français comme un entre-deux. Un libéral-étatiste. Celui qui chercherait à tenir deux promesses apparemment contradictoires.  Et dont vous, contrairement à votre camarade Romain Goupil resté à gauche, semblez l'incarnation d'où votre soutien au président. 

Dans le film, on vous voit très ému dans les studios d'Europe 1 au moment de la victoire d'Emmanuel Macron. 

Extrait 2 "La Traversée"

29 sec

C'est ce président jeune qui est maintenant aux manettes confronté à la réalité de l'exercice du pouvoir. Comme l'est à un niveau local le maire écologiste de Grenoble, Eric Piolle, qui vous confie que "la politique, c'est l'exercice de la frustration." On imagine Emmanuel Macron confronté aujourd'hui aux mêmes questions, aux mêmes limites. On l'entend d'ailleurs parce que ce jeune président qui n'a pas connu 68 est dans votre documentaire, vous le faites apparaître à l'image de façon étonnante dans un café de Francfort alors que vous êtes tous les deux en train de parler de lui. Ce qui occasionne cet échange dans lequel vous l'interpellez sur la situation de ces hommes et de ces femmes venus d'ailleurs et qui dorment pour beaucoup dans la rue. Sa réponse est pour le moins... flou.

Extrait 3 "La Traversée"

14 sec

Une réponse qui donne à entendre cet exercice de la frustration qu'est la politique, cette incapacité parfois à régler des problèmes. Une réponse tellement flou que vous faites même disparaître la voix du président sur des images de Calais, sur ces images de barbelés, de ces nouveaux murs qui poussent...  Chacun se fera son idée ce soir devant sa télévision, c'est à voir sur France 5 en première partie de soirée à 20h50.