

Le président du parti Les Républicains était l'invité de "L'Emission politique", hier soir sur France 2.
C’était hier soir sur France 2 la première grande émission de télévision pour Laurent Wauquiez depuis son élection à la tête du parti Les républicains. Son enjeu : sortir des querelles internes, et de se hisser dans le débat national, en prenant pour cible Emmanuel Macron. Par quel biais ? Les contre-propositions, bien sûr, mais aussi le procès en parisianisme. "Le président de la République a une haine de la province", avait expliqué Laurent Wauquiez. Hier soir, dès le début de l’émission, le président d’Auvergne-Rhône-Alpes a voulu s’afficher en porte-parole des régions. [extrait sonore] Et le champ lexical de toute l’émission est sur cette tonalité : « chez moi », dit-il, « dans ma région »…
Cela présente le double avantage de pouvoir prétendre être au contact de la réalité, dans une logique d’écoute, une logique montante. Mais aussi de pouvoir revendiquer un modèle local, un laboratoire politique, dans une logique d’action, une logique descendante. Certes, Laurent Wauquiez est né à Lyon et a fait ses études dans les quartiers parisiens huppés. Mais la stratégie argumentative fonctionne, à tel point que ses interlocuteurs sur le plateau en viennent à se justifier. [extraits sonores Benjamin Griveaux et Nathalie Saint-Cricq]. Et tout au long de l'émission, Laurent Wauquiez se présente en Auvergnat, le jour précisément où Emmanuel Macron est lui-même en Auvergne, pour ses vœux aux agriculteurs. Seul petit problème géographique, cette phrase de Laurent Wauquiez, à la fin d’un reportage en Lozère, où France 2 l’a convié. Il adresse ces quelques mots au journaliste qui l'accompagne : "Merci d'être venu chez nous". Seul problème : la Lozère n’est pas en Auvergne-Rhône-Alpes, mais elle appartient à la région Occitanie. Alors soit Laurent Wauquiez a fantasmé l’agrandissement administratif de sa région, soit cette expression « chez nous » signifie simplement « hors de Paris ».
Sur le fond idéologique, Laurent Wauquiez a déroulé les positions classiques de la droite… Par exemple, sur l’immigration, ce sont les propositions énumérées de longue dates par Nicolas Sarkozy ; réduction du nombre de titres de séjour à 100 000 par an, quotas annuels. De même, sur la PMA ou la fiscalité, Laurent Wauquiez ne détonne pas. En revanche, interrogé sur le protectionnisme, il ne rejette pas le mot. [extrait sonore].
Le patron de LR revendique la préférence communautaire pour les marchés publics, le rejet du libre-échange intégral ; idéologiquement, à ce niveau à droite, c'est une première depuis les Séguinistes dans les années 90. Quelle différence avec le Front national, lui demande-t-on ? Il n’en citera qu’une seule : lui est contre toute sortie de l'euro. « A la fin c’est Wauquiez qui gagne » : c’était le titre d’un article du politiste Gaël Brustier en 2016. Il montrait comment le corpus idéologique de la droite, et sa structuration avec la Manif pour tous, constituait un terreau favorable à Laurent Wauquiez. A la suite de l’émission d’hier soir, le pari politique apparaît clairement : rassembler ces électeurs de la droite décomplexée, comme on l’appelle, et ceux du Front national, qui ont représenté ensemble 40 % de l’électorat au premier tour de l’an dernier. Au moment où Marine Le Pen s’effondre, il s’agit pour Laurent Wauquiez de gagner une primaire invisible au sein de cet électorat pour la prochaine présidentielle. Car derrière la rhétorique sur les régions et les terroirs, se trouve l'ambition de rejoindre une adresse bien parisienne : 55 rue du Faubourg Saint-Honoré. Celle de l’Élysée.
Frédéric Says
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