Energies renouvelables : les députés peuvent-ils reculer ?

Des éoliennes près d'Issoudun (Indre)
Des éoliennes près d'Issoudun (Indre) ©AFP - GUILLAUME SOUVANT / AFP
Des éoliennes près d'Issoudun (Indre) ©AFP - GUILLAUME SOUVANT / AFP
Des éoliennes près d'Issoudun (Indre) ©AFP - GUILLAUME SOUVANT / AFP
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Le projet de loi sur les énergies renouvelables arrive à l'Assemblée nationale, dans un hémicycle en ébullition. Après le compromis trouvé au Sénat, les députés peuvent-ils rejeter ce texte ?

Comment sortir d'un débat caricatural ? Défenseurs du climat contre défenseurs des paysages et du patrimoine... En quelques mois, les éoliennes sont devenues un sujet politique majeur. Le projet de loi sur les énergies renouvelables arrive à l'Assemblée nationale, en séance. Dans l’hémicycle, ce débat sera-t-il plus subtil, et plus fructueux ? La crise du climat se combine à la crise de l’énergie. La France est en retard - pas dans l’absolu, mais par rapport aux objectifs qu’elle s’était fixés elle-même ; ces objectifs pour les énergies renouvelables, la France est le seul grand pays européen à ne pas les avoir atteints. Les panneaux solaires que nous n’avons pas installés, les éoliennes que nous n’avons pas construites nous manquent et vont nous manquer. Cet échec pourrait aussi nous valoir une sanction européenne, une amende de plusieurs centaines de millions d’euros.

Le gouvernement veut donc accélérer, aller deux fois plus vite. A l’Assemblée, qui finira pas voter son projet de loi ? Ce matin, c’est difficile à dire. Une chose est sûre : si le gouvernement veut faire passer son texte, cette fois, il aura besoin… de la gauche. Vous pouvez noter cette phrase ; je n’ai pas souvent l’occasion de la prononcer. Le gouvernement tend la main aux socialistes, aux écologistes, à La France Insoumise. Depuis des semaines, Agnès Pannier-Runacher négocie. La ministre de la Transition énergétique veut obtenir à l’Assemblée le même résultat qu’au Sénat : un compromis.

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Les conditions d'un compromis

Il y a quelques semaines, après des heures de discussion, le Sénat a fini par soutenir le projet du gouvernement, avec une majorité claire : 320 voix pour cinq voix contre. Pourtant, c’était mal engagé… Au Sénat, la droite est puissante. Face aux énergies renouvelables, elle est souvent réticente. Elle défend surtout le nucléaire – ce sera un autre débat, au début de l’an prochain. Mais le gouvernement et le Sénat ont fini par s’entendre. Les sénateurs ont renoncé à des points importants pour eux, notamment le droit de véto accordé aux maires. Les élus locaux seront quand même impliqués dans la planification territoriale… C’est vraiment le sujet central : ne pas déployer les énergies renouvelables toujours dans les mêmes zones. En France, l’énergie éolienne provient pour moitié de deux régions, seulement : les Hauts de France et le Grand Est !

Est-ce que la droite, à l’Assemblée nationale, réagira comme la droite au Sénat ? Les discussions ne sont pas terminées. Elles sont dures. Et avec le Rassemblement national, elles sont à peu près impossibles. Le parti de Marine Le Pen s’oppose aux éoliennes, par principe. Son programme climatique et énergétique est inconsistant.

La responsabilité de la gauche

La gauche et les écologistes deviennent donc les nouveaux partenaires - provisoires - du gouvernement… Jusqu’où leurs députés sont-ils prêts à aller ? La Nupes défend les énergies renouvelables. Mais La France Insoumise hésite à soutenir le texte, pas assez ambitieux, selon elle. Le PS, lui, y est plus favorable, mais il pose ses conditions. Il veut protéger les surfaces agricoles – que l’énergie ne s’oppose pas à l’alimentation. Quant aux écologistes, eux, ils ont une ligne rouge : la biodiversité. Ils refusent que les nouvelles installations nuisent à l’environnement.

Entre le gouvernement et les députés, les discussions sont intenses. Elles progressent. Elles se déroulent sous pression. Les Français pourraient subir des coupures d’électricité le mois prochain. Ils n’en reviennent pas. Nous découvrons la fragilité de notre système. Où sont nos priorités ? Les députés doivent avancer ensemble, et rapidement.