Un métier revient en grâce : celui de chef de gouvernement. Le poste sera bientôt vacant, mais il n'y aura visiblement pas de pénurie de main d’œuvre...
« Elisez-moi Premier ministre » : en lâchant cette phrase, dans l'entre-deux tours, Jean-Luc Mélenchon a lancé les hostilités pour un poste très convoité.
Dans tous les camps, les prétendants commencent à se placer.
Oh bien sûr, pas toujours aussi explicitement. Tenez, dans le Figaro ce matin, François Bayrou dresse le profil idéal, selon lui, du prochain chef de gouvernement. Et devinez quoi : il devra posséder "une harmonie, une profonde complicité avec Emmanuel Macron", nous dit François Bayrou. N'en jetez plus :le portrait ressemble à un auto-portrait.
Matignon fait tourner bien des têtes. Celle de Ségolène Royal aussi. L'ancienne candidate PS s'est dite intéressée, le cas échéant, hier après-midi sur BFM TV :
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Que de candidatures, pour un poste qu'on disait si décrié ! Jusqu'à récemment, on voyait le Premier ministre comme un rouage insignifiant de l'Exécutif. Au pire un fusible ; au mieux un serviteur falot.
Chef du gouvernement, ou le poste maudit sous la Vème République. Celui qui carbonise les ambitions élyséennes. Édouard Balladur, Lionel Jospin, Manuel Valls y ont trébuché. Ce n'est pour rien que la journaliste Raphaëlle Bacqué a intitulé son livre « L'enfer de Matignon ».
Dans l'imaginaire politique, le Premier ministre est celui qui annonce les mauvaises nouvelles, rabote les budgets, prend les coups... Bref, le sale boulot, les taches impopulaires, pendant que le président, lui, s'occupe des domaines réservés et prestigieux de la diplomatie et de la défense.
Ce n'est d'ailleurs pas un hasard, si François Mitterrand, dans ce débat présidentiel de 1988, prend un malin plaisir à dénommer Jacques Chirac « monsieur le Premier ministre ». Celui-ci tente de faire oublier sa fonction, tant elle le dessert face aux Français.
Stigmate politique, qui marque tous ceux qui occupent le 57 rue de Varenne.
Une dyarchie déséquilibrée au sommet de l’État. A tel point que François Hollande, récemment, proposait de supprimer le poste de Premier ministre, et de passer à un véritable régime présidentiel.
Mais alors pourquoi ce nouvel attrait pour la fonction ?
Tout simplement parce que nous nous sommes mis à relire la constitution. Que dit-elle ? Elle octroie des pouvoirs importants au chef du gouvernement.
Article 20 : "Le gouvernement détermine et conduit la politique de la nation. Il dispose de l'administration". Article 21 : "Le premier ministre est responsable de la défense nationale".
En outre, il possède l'initiative des lois au sein de l'exécutif.
Matignon est un lieu de pouvoir, on l'avait presque oublié. Dans la pratique de ces dernières années, les présidents ont pris le dessus. Nicolas Sarkozy qualifiait François Fillon de "collaborateur". Emmanuel Macron a imposé un proche pour diriger le cabinet de Jean Castex.
A force de suprématie, les présidents se sont d'ailleurs retrouvés en première ligne. Effet inattendu : les premiers ministres sont devenus plus populaires (ou moins impopulaires).
Édouard Philippe, Manuel Valls, François Fillon ont récolté de meilleurs sondages que (respectivement) Emmanuel Macron, François Hollande et Nicolas Sarkozy.
La période actuelle renforce cet attrait pour Matignon. Chacun pressent qu'une cohabitation est possible (même si ce scénario n'est pas le plus probable).
D'autant qu'Emmanuel Macron ne se bat plus pour sa réélection. Il n'a donc pas besoin de jouer les omni-présidents.
Sa surexposition lui a coûté, au cours du premier quinquennat. Il a promis une nouvelle méthode pour le second.
Jupiter sur sa réserve, et pléthore pour Matignon.
Frédéric Says
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