Cet entre-deux tours entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen est-il un copié-collé de 2017 ?
A première vue, cet entre-deux tours tient du remake d'il y a cinq ans. Mêmes protagonistes, même affrontement, duel Macron / Le Pen.
Clivage entre l'ouverture et la fermeture, selon les macronistes. Clivage entre les mondialistes et les patriotes, selon les Lepénistes.
De prime abord, donc, une impression de déjà-vu. Comme si le scénario était déjà écrit d'avance.
Pourtant, à y regarder de plus près, cette première sensation est trompeuse, imprécise et inexacte. Ce n'est pas un remake parce que les conditions ont changé.
Il y a cinq ans, un quasi-novice affrontait une candidate déjà expérimentée. Emmanuel Macron, alors entré en politique depuis trois ans... Quand Marine Le Pen totalisait trois lustres ans de vie publique et deux campagnes présidentielles.
Cette fois, le scénario est différent. Voici un président sortant, comptable de son bilan, face à une prétendante qui n'a jamais exercé le pouvoir national.
Cela entraîne une dissymétrie de positions, de responsabilités et donc de vulnérabilités.
Pour le dire plus simplement, la tonalité de la campagne, entre les deux tours, n'aura rien à voir avec celle d'il y a cinq ans.
Les arguments de l'un et de l'autre ont changé en cinq ans ?
Ceux d'Emmanuel Macron : pas vraiment. Pour affaiblir Marine Le Pen, il pointe encore et toujours sa volonté de s'éloigner de l'Union européenne, son projet contraire aux droits de l'Homme, sans oublier de souligner la continuité avec Jean-Marie Le Pen. Elle est d'ailleurs désignée, je cite, comme « la candidate héritière d'un clan familial », dans le nouveau tract de La République en Marche, distribué à partir d'aujourd'hui.
Bref, ces arguments n'ont pas changé depuis 2017. Ce qui offre l'avantage de la constance, mais l'inconvénient de la répétition. Les piques même les plus saillantes finissent par s'émousser.
Ajoutons à cela qu'Emmanuel Macron ne peut plus se présenter en « homme nouveau » qui veut « mettre à bas le système », je cite là des phrases de 2017. Son statut de président l'empêche de reprendre cette rhétorique. C'est le sort des sortants.
Or, du côté de Marine Le Pen, les arguments ne sont plus du tout les mêmes qu'en 2017. Et là est le danger pour son adversaire.
Elle n'insiste plus, comme il y a cinq ans, sur le côté « banquier d'affaires ».
Elle se concentre volontiers sur la partie plus récente du CV : la partie chef de l’État. Et elle revisite le quinquennat comme celui du désordre.
La candidate RN va même jusqu'à se prétendre la garante des libertés mises à mal au cours du quinquennat.
« Il y aura de nouveaux affrontements si Emmanuel Macron est réélu », affirme Louis Alliot, l'un des cadres du Rassemblement national.
Quel retournement de l'histoire ! Voici le RN qui se présente en parti de l'apaisement face au chaos.
En cinq ans, Marine Le Pen a travaillé cette image...
Image adoucie à l'aide d'émissions télévisées à forte audience mais à faible esprit critique, Marine Le Pen s'est montrée en amie des animaux, colocataire idéale de l'Ouest parisien, qui cultive ses plantes et ses amitiés.
Pendant ce temps, il n'était plus question d'un référendum sur la peine de mort ou de la suppression du droit du sol.
Les traits d'images enjolivés encore par une campagne sans éclat, mais sans fracas, par contraste avec celle d'Eric Zemmour.
Pendant ce temps, les traits d'images d'Emmanuel Macron eux, s'élimaient avec l'usure du pouvoir.
Le duel Macron – Le Pen, ce n'est donc pas un remake, c'est une saison 2... dont l'épilogue est loin d'être écrit.
Frédéric Says
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