

Pour la première fois, les deux partis connaissent une crise simultanée.
Historiquement, quand le PS allait mal, la droite allait bien. Et vice-versa. L'alternance, comme un mouvement de balancier, garantissait le pouvoir à tour de rôle à ces deux formations. La victoire de l'une marquait la défaite de l'autre.
Pour la première fois ces jours-ci, le PS et LR se trouvent de manière synchronisée dans une situation similaire : défaite à la présidentielle, minorité à l'Assemblée, remous à la tête du parti, doutes sur la ligne politique.
Certes, la crise semble moins aiguë à droite : 112 députés ont été sauvés, il reste une majorité au Sénat, et des dizaines de grandes villes sont dirigées par LR depuis la vague de 2014.
Mais il suffit de lire l'interview de Xavier Bertrand dans le JDD hier pour comprendre que tout cela tient plus du château de cartes que du château fort. Que dit l'ancien secrétaire général du parti, désormais replié dans les Hauts-de-France ?
1 - les cadres sont déboussolés, après des années de discours centrés sur les thèmes identitaires. Xavier Bertrand plaide pour un retour à la lutte contre les inégalités, contre la fracture sociale, façon Chirac 1995.
2 – la droite a perdu ses électeurs : il cite les jeunes, les classes populaires, et même une certaine bourgeoisie, passée chez Macron. Difficile de lui donner tort, les études montre que seuls les retraités ont voté massivement pour François Fillon.
3 – la guerre des chefs se prépare avant le congrès en décembre prochain ; Bertrand pousse Valérie Pécresse à se présenter à la tête du parti contre Laurent Wauquiez.
Un condensé de ce que vit le PS depuis 6 mois : fuite des électeurs, guerre de lignes, guerre des chefs.
Autre symétrie entre le PS et la droite : ils sont chacun grignotés par ceux qui se font appeler les « constructifs », ces députés pro-Macron qui font sécession. A droite, le groupe des "constructifs", qui se sépare de LR, sera mené par Thierry Solère. Au centre-gauche, un autre groupe est en voie de constitution avec Manuel Valls, les radicaux de gauche, peut-être d'autres socialistes. Ce groupe des "constructifs de gauche" est mené par Olivier Falorni.
Et là encore, la symétrie est parlante. Falorni et Solère sont deux anciens candidats dissidents aux législatives, en 2012. A l'époque, tous deux avaient dû faire campagne sans l'étiquette de leur parti, à l'époque respectivement le PS et l'UMP. Tous deux se sont présentés face à des figures de leur propre camp : Olivier Falorni face à Ségolène Royal en Charente-Maritime ; Thierry Solère contre Claude Guéant dans les Hauts-de-Seine.
Et tous deux sont sortis vainqueurs, contre les pronostics. Cinq ans plus tard, ils portent le fer, chacun, contre un appareil qui n'a pas voulu d'eux, comme pour revendiquer le statut d'éternels dissidents.
Pendant ce temps, le PS et LR font ce que font tous les partis en position de faiblesse : ils activent la machine à exclure. A droite, Eric Ciotti et Nadine Morano veulent que les députés LR dits constructifs soient renvoyés de LR séance tenante. Au PS, un adjoint de Martine Aubry, Bernard Charles, vient d'être privé de sa délégation après avoir soutenu Emmanuel Macron. Autre exemple, l'élu municipal d'Avignon Amine El Khatmi, qui avait annoncé son vote Macron avant le 1er tour, a été exclu des instances nationales du PS.
Comme s'il n'y avait d'autre urgence que de passer les troupes - ou ce qu'il en reste - au tamis de la pureté idéologique.
Frédéric Says
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