Législatives : le retour du centre

Tract "La République en marche" pour les élections législatives 2017
Tract "La République en marche" pour les élections législatives 2017 ©Maxppp - Paul Barlet / Le Pictorium
Tract "La République en marche" pour les élections législatives 2017 ©Maxppp - Paul Barlet / Le Pictorium
Tract "La République en marche" pour les élections législatives 2017 ©Maxppp - Paul Barlet / Le Pictorium
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Hécatombe prévue à droite comme à gauche aux prochaines législatives. Le macronisme écrase tout sur son passage. Il gommait les clivages, il pourrait bientôt gommer - ou grandement diminuer - la présence des Républicains et des Socialistes au Parlement.

Pas facile pour les partis traditionnels, dépassés, envoyés dans le décor par la force centrifuge que génère ce mouvement chamboule tout En Marche / La République En Marche. Pour l'instant c'est le bazar à droite comme à gauche. A lire la presse et les commentaires, on a l'impression d'être à l'intérieur de chacun de ces partis traditionnels dans une guerre de tranchées. Hier, Le Figaro nous parlait de la "drôle de guerre" de François Baroin.

Celui qui mène cette bataille des législatives pour la droite et le centre, LR/UDI, "vit cette campagne comme une mission sacrificielle, un devoir. Peut-être un chemin de croix aussi." Persuadé que la défaite est au bout du chemin au second tour le 18 juin. Et que dire de cette date si symbolique pour le parti gaulliste, cette date pourrait être le point de départ d'une nouvelle crise et une division.

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Guerre des tranchées, je vous le disais. A droite, titrait cette semaine Les Echos, "le fossé se creuse". "Dans l'attente d'un congrès fixé à l'automne qui verra les adhérents du parti se choisir un nouveau président - et donc sans doute une ligne - déjà les partitions se précisent", écrivait Isabelle Ficek. "Le terrain était déjà fragile, décrit-elle, depuis 2010 au sein de l'UMP puis des Républicains, des débats récurrents - en particulier sur le "ni-ni" - entre une droite dite dure et une frange plus modérée". 15 ans quasiment jour pour jour après la création de ce grand rassemblement composite qu'était l'UMP, c'est la fin d'une histoire, le claquage comme cela arrive à un muscle, il est ici idéologique. Il devait sans doute se produire tôt ou tard, mais le macronisme a eu un effet accélérateur.

Mais regardons aussi à gauche, l'édition du jour du Figaro parle d'une menace de "bérézina". On est encore dans le champ sémantique guerrier. Déroute, hécatombe. Qui restera debout si ce ne sont ces nouveaux marcheurs ? Car les sondages d'intentions de vote pour ces législatives se suivent et se ressemblent (comme ceux, souvenez-vous, de la présidentielle). La République en marche est autour de 30%. Le FN et Les Républicains autour de 20, la France insoumise autour de 15, le PS en dessous de 10.

Mais ce sont 577 batailles, 577 territoires différents. Et l'on pourrait penser que les sortants sauront tirer leur épingle du jeu. Ce sera le cas dans certains endroits s'ils sortent avec une confortable avance mais dans une majorité de ces circonscriptions, le macronisme, s'il n'est pas devant dès le premier tour, aura toujours cette force d'être le deuxième meilleur choix, le recours de la droite comme de la gauche.

  • Imaginez un duel entre un marcheur et un républicain, l'électorat de gauche votera contre la droite et le marcheur entrera à l'Assemblée.
  • Imaginez un duel entre un marcheur et un frontiste, l'électorat de gauche comme de droite préfèrera majoritairement le marcheur.
  • Imaginez un duel entre un marcheur et un socialiste ou un insoumis, l'électorat de droite choisira le marcheur.

Le côté attrape-tout du macronisme est redoutable surtout dans un scrutin majoritaire qui amoindrit déjà le pluralisme. Et le macronisme lui-même gommant les clivages élimine ce pluralisme, chasse la diversité. En tout cas, il pourrait bien chasser du paysage républicains et socialistes pour ne laisser au parlement qu'une écrasante majorité de marcheurs. Etre sacré champion du "dégagisme".

Ajoutez à ce renouvellement inédit du Palais Bourbon, des élus barrés par la loi sur le non-cumul des mandats, sans pleurnicher sur leur sort, des élus tout simplement qui ont du faire un choix entre leur mandat local et leur mandat de député. 39% des députés sortants ne se représentent pas. 225 sur 577 ont renoncé. 225. En 2012, ils étaient 107. Pourquoi plus cette fois ? au-delà de la loi sur le non cumul, voyant sans doute la noirceur du tableau, la défaite au bout du chemin. Un tiers au PS, un tiers chez les Républicains. Et c'est frappant, comme le centre a repris des couleurs, 75% des centristes sortants, eux, se représentent, même s'ils n'étaient pas, c'est vrai, les plus nombreux. Le centre n'était pas central, n'était plus central depuis plusieurs décennies, il est sans doute en train de le devenir.

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