Jusqu'ici, le gouvernement français n'a pas fait ce choix, par crainte des effets contre-productifs d'un tel affichage.
La question peut sembler anecdotique, mais elle interroge la notion de représentation, que suppose l’activité politique.
Et à cet égard, plusieurs options s’offrent à nos ministres et à nos élus.
Option 1 : se faire vacciner dès maintenant devant les caméras, pour montrer l’exemple.
Option 2 : attendre son tour, pour ne pas paraître couper la file d’attente.
Option 3 : refuser le vaccin. Position aujourd’hui rarissime voire inexistante dans la classe politique française.
Même Marine Le Pen, dont l’électorat est le plus rétif au vaccin, même Marine Le Pen a annoncé qu’elle accepterait l’injection.
A l’étranger, Benjamin Netanyahou n’a pas hésité. Le chef du gouvernement israélien a inauguré lui-même la campagne de vaccination, face aux photographes.
Au Royaume-Uni, la Reine Elisabeth et son mari ont eux aussi été immunisés. Mais hors la présence des journalistes.
En revanche, pas de piqûre jusqu’ici pour le gouvernement de Boris Johnson, pas plus que pour celui d’Angela Merkel.
Joe Biden, lui, a présenté son bras aux caméras et aux bons soins d’une seringue fin décembre, de même que sa vice-présidente Kamala Harris.
Autre chef d’Etat, le Pape François annonce qu’il en fera de même la semaine prochaine.
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Alors un responsable politique doit-il montrer l’exemple ? Interrogée par France Info, la semaine dernière, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot a avoué qu’elle ne parvenait pas à trancher.
Il y a deux écoles. Il y a ceux qui disent : les personnalités doivent se faire vacciner en public. Et puis ceux qui disent : il n'y a aucune raison que les ministres bénéficient en quelque sorte d'un passe-droit. J'avoue que je n'ai pas encore résolu ce dilemme.
Sa collègue Marlène Schiappa est plus volontaire. Elle répondait hier à Francis Letellier sur France 3 :
Je suis très favorable au fait de se faire vacciner en public. Je crois que c'est un mécanisme de publicité de base, neuropsychologique. La publicité est fondée sur quoi ? On vous montre que quelqu'un acquiert ou fait quelque chose, et qu'il en est satisfait. Et donc pour le vaccin, si ça peut servir à quelque chose, je le ferai évidemment.
Ici, le raisonnement est le suivant : la vaccination des ministres peut contribuer à désamorcer l’anxiété générale.
Car, se dit-on, si les responsables politiques acceptent l’injection, alors c’est qu’ils doivent être sûrs du procédé.
Mais c’est un raisonnement risqué.
D’après les enquêtes d’opinion, les publics les plus méfiants face aux vaccins... sont aussi les plus sceptiques face aux élites, et notamment face aux élites politiques !
Dès lors, les anti-vaccins vont-ils changer d’avis au moment où ils verront une dose de Pfizer-BioNTech entrer dans l'épaule d’un ministre ? Pas si sûr…
Scandale national
La force de l’exemple est pourtant un instrument politique, comme nous l’enseigne Plutarque :
En apercevant la vertu de l’exemple visible et la conduite éclatante de son chef, [la multitude] embrasse elle-même volontairement la sagesse”. (Vie de Numa, 20, 4)
Néanmoins, attention à ce que l’exemple ne soit pas perçu comme un privilège. Et la pédagogie comme du mépris.
En Pologne, scandale national après que des politiques et des vedettes ont pu se faire vacciner en priorité.
Face au tollé, le gouvernement a lancé une enquête.
Voici les effets, non pas secondaires mais contre-productifs, de ces campagnes menées par les célébrités ; effet contre-productif de cette injonction à l’injection, si l’on peut dire.
En l’occurrence, ils ont bel et bien montré l’exemple… l’exemple à ne pas suivre.
Frédéric Says
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