Marine Le Pen, la crise de confiance

Marine Le Pen sur le plateau de L'Emission Politique sur France 2, le 19 octobre 2017
Marine Le Pen sur le plateau de L'Emission Politique sur France 2, le 19 octobre 2017 ©AFP - PHILIPPE LOPEZ
Marine Le Pen sur le plateau de L'Emission Politique sur France 2, le 19 octobre 2017 ©AFP - PHILIPPE LOPEZ
Marine Le Pen sur le plateau de L'Emission Politique sur France 2, le 19 octobre 2017 ©AFP - PHILIPPE LOPEZ
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Pendant la présidentielle, on se souvient du débat télé désastreux, le 3 mai, de Marine Le Pen face à Emmanuel Macron. Cinq mois après, la présidente du Front National a fait son retour hier soir en prime time sur les écrans des Français. Pas plus convaincante qu'avant, estime Ludovic Piedtenu.

Avec
  • Ludovic Piedtenu Journaliste, correspondant permanent de Radio France en Allemagne, ancien chef du service politique de France Culture

Certes, elle a battu des records de voix cette année, près de 11 millions d'électeurs ont fait confiance à Marine Le Pen lors du second tour de la Présidentielle. Huit députés ont ensuite fait leur entrée discrète à l'Assemblée Nationale, dont elle. Mais le mouvement, depuis qu'elle le préside en 2011, semble ne s'être jamais aussi mal porté.

On se souvient tous de ce débat désastreux de l'entre-deux-tours. Si Emmanuel Macron devait en reparler aujourd'hui, il dirait sans doute, avec ses mots à lui : "saperlipopette, c'était un véritable galimatias croquignolesque. Une logorrhée où elle nous sert à longueur d'interventions de la poudre de perlimpinpin !"

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Le Billet politique
2 min

Cinq mois plus tard, sur le fond, Marine Le Pen n'a rien changé. Elle s'est montrée juste hier soir, sur la forme, peut-être un peu plus douce, plus arrondie. Parce qu'il s'agissait bien d'une opération-reconquête. Elle a d'ailleurs entamé fin septembre, début octobre une tournée des fédérations de son parti pour reconstruire la confiance avec les militants.

Et signe qu'elle avait besoin de cette émission de télévision, c'est que pour la première fois, elle n'a ni annulé à la dernière minute, ni choisi la date, ni réfuté les contradicteurs. Hier soir, elle est donc venue comme tous les politiques avec ses éléments de langage. A commencer par un mea culpa... nécessaire.

Mea culpa de Marine Le Pen

19 sec

Les derniers mots, "je suis le chef", ça aussi, c'était un autre élément de langage hier soir. Il n'y a pas d'autres que moi.

Marine Le Pen candidate en 2022 ?

19 sec

Dans son esprit, c'est une hypothèse farfelue. La figure de style ne trompe personne. Et le sondage Ipsos réalisé auprès des téléspectateurs pendant l'émission lui donne raison. 41% l'ont trouvé convaincante (c'est troublant de constater que c'est peu ou prou son score au second tour de la présidentielle); parmi les sympathisants frontistes, 90% ont été convaincus.

Elle est fragilisée mais elle n'est pas à terre. Florian Philippot l'a quitté pour fonder son mouvement "Les patriotes" et pendant l'émission, lui et ses proches, ont inondé les réseaux sociaux de leurs commentaires acerbes. Une méthode éprouvée par l'ancien stratège à la communication du FN qui sait comment saturer l'espace et chasser en meute. Si Marine Le Pen ne réussit pas à s'imposer comme première opposante à Emmanuel Macron, laissant pour le moment le champ libre à Jean-Luc Mélenchon, on a bien compris qui sont ses premiers opposants à elle.

Ensuite, elle est toujours aussi floue, toujours aussi fragile et traumatisée par les questions économiques et sur un point plus précis, la sortie ou non de l'Euro. On ne sait pas. Toujours pas plus après l'émission.

Sortie de l'Euro ou pas ?

20 sec

C'est flou. Marine Le Pen est, sur ce point qui l'avait fait trébucher au débat il y a cinq mois, toujours aussi difficile à suivre. C'est toujours son petit caillou dans la chaussure. La démonstration n'est pas convaincante.

Mais, vous avez entendu (dans cet extrait), maintenant, elle écoute. Ce qui est apparu comme nouveau hier soir dans un parti politique qui a toujours préféré la verticalité, c'est que, celle qui se revendique comme chef, va consulter sa base par un questionnaire, avant d'arriver au congrès des 10 et 11 mars à Lille. Cela ressemblerait presque à ce que proposent La République en Marche, le mouvement M1717 de Benoît Hamon ou la France insoumise de Mélenchon, preuve que le Front National est bien dans une profonde crise de confiance et qu'il se cherche. Pour Marine Le Pen, il faudra encore bien d'autres émissions de télévision pour espérer revenir au premier plan.