Mesdames et messieurs les candidats, intéressez-vous à Laprimaire.org !

Capture d'écran du site LaPrimaire.org
Capture d'écran du site LaPrimaire.org ©Radio France
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La primaire "citoyenne" en ligne a rassemblé plus de 120 000 personnes. Un succès qui éclaire les frustrations démocratiques avant la présidentielle qui vient.

C’est une primaire sans polémique en une des journaux, sans petites phrases assassines, et il faut bien le dire, jusque là, sans grande couverture médiatique. Elle rassemble pourtant plus de participants que le PS ne compte de militants : 120 000 personnes se sont inscrites sur le site laprimaire.org.

De quoi s'agit-il ? Une primaire citoyenne, organisée en ligne. Les candidats sont inconnus, ils n’ont pas de parti pour les soutenir. Cette initiative vise justement à envoyer au premier tour de la présidentielle un candidat dit "citoyen", qui "ne fasse confisque pas le scrutin" (c’est en tout cas ce que promet la profession de foi du site).

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Ce week-end, cette primaire citoyenne a d'ailleurs désigné sa candidate : elle s'appelle Charlotte Marchandise, elle est non encartée, même si elle est par ailleurs adjointe à la mairie de Rennes.

Alors le premier réflexe, il faut bien l’avouer, est de hausser les épaules. N’y-a-t-il pas assez de candidats comme ça ? N’est-il pas virtuel d’élire un représentant dont on ne connaît pas grand-chose ?

Autre question : comment faire campagne sans ressources financières, quand une présidentielle coûte jusqu'à 22 millions d’euros ?

Last but not least, comment la représentante de la primaire.org obtiendra-t-elle ses 500 parrainages d’élus ? Pourtant, malgré ces questions, il ne faut pas mépriser cette expérience ; et tous les candidats déjà en piste devraient s’intéresser à ce phénomène pour ce qu’il dit de l’époque politique.

L'émergence de cette initiative souligne en creux les insuffisances démocratiques françaises...

Et d'abord la lassitude vis-à-vis des formations politiques, qui représentent, souligne le site laprimaire.org, "O,5% de la population française". Elle vise à s'émanciper de la pseudo-opposition entre le "système" et "l’anti-système", deux notions que personne n'arrive vraiment à définir... Le système, c'est comme l'enfer chez Sartre, c'est les autres.

Il est d’ailleurs frappant de lire les contributions des candidats sur ce site, qui ne veulent pas laisser le monopole de la critique de la démocratie française aux franges extrémistes ou populistes. On peut y voir le basculement d’une partie des classes moyennes et des diplômés, exaspérée mais pas désespérée, qui veut changer radicalement le menu sans casser la vaisselle.

Bien sûr, il convient de rester prudent vis-à-vis de l'adjectif "citoyen", qui est désormais très marketing, accolé partout... Y compris à des démarches qui sont aussi citoyennes que les républiques démocratiques de l'Est étaient démocratiques.

Cette primaire en ligne, qui contourne les partis politiques, illustre une profonde colère envers TINA...

Tina, ce n’est pas le nom d’une candidate, c’est l’acronyme de "There’s is no alternative" (il n'y a pas d’alternative). L’acronyme de cette présidentielle pourrait être IFAC : Il faut autre chose. Quoi ? Personne ne sait avec certitude.

De ce point de vue, la primaire dont nous parlons est en quelque sorte une réminiscence du mouvement "Nuit debout". On sait ce contre quoi on est, on ne sait pas trop pour quoi lutter.

Bien sûr, personne n’imagine que le visage qui s’affichera le 7 mai 2017 à 20h soit issu de la primaire.org, même si l’époque est aux surprises. Après tout, la pétition historique de 1 million de personnes contre la loi Travail n’a pas empêché son adoption.

Mesdames et messieurs les candidats, intéressez-vous à cette primaire citoyenne. Et surtout à ce qu'elle dit de la crise démocratique ! Elle arrive d'ailleurs au même moment que le nombre record d’inscription sur les listes électorales. Bonne nouvelle : les citoyens ne sont pas dégoûtés par la politique, ils sont dégoûtés par cette politique.

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