

Par "pragmatisme", le parti présidentiel ne compte pas présenter de candidat LREM dans toutes les communes.
Paris n'est pas la France, et c'est encore plus vrai pour le scrutin qui vient. Par exemple, les Marcheurs a trop de candidats à Paris (Benjamin Griveaux et le dissident Cédric Villani) ; mais ils n'en a pas assez dans bien d'autres villes de France.
Plus précisément : il n'y a pas pénurie de candidats, mais plutôt une pénurie de candidats qui peuvent gagner. Dans de nombreuses communes de taille moyenne, les marcheurs ont fait procéder à des sondages. Le résultat est en général susceptible d'entraîner dans la dépression les plus robustes macronistes : c'est à quelques exceptions près une boucherie. Les maires sortants sont plébiscités.
Eh oui, l'implantation locale, c'est un métier. Dure réalité.
En cette époque où chacun se croit photographe grâce à Instagram, se croit médecin grâce à Doctissimo, se croit journaliste grâce à Twitter, être candidat à une élection municipale ne s'improvise pas parce qu'on a regardé deux séries Netflix sur la politique.
Dégagisme
Le dégagisme, qui avait fonctionné à la présidentielle et aux législatives, est plus difficile à appliquer pour une élection municipale.
D'abord parce que les électeurs connaissent leur maire, ils sont en général attaché à cette figure, et préfèrent souvent la continuité rassurante à l'aventure intrigante.
Ensuite, la République en marche n'est plus le tout jeune parti disruptif et plein de promesses, mais une formation installée et donc institutionnalisée. Pour le dire vite, elle fait partie du système qu'elle dénonçait hier.
Enfin parce que les candidats du vieux monde, entre guillemets, ont tendance à délaisser les étiquettes politiques. Illustration avec le candidat du parti Les Républicains et du Modem à Bordeaux, Nicolas Florian, dont la devise est la suivante : "Mon parti c'est Bordeaux".
Par conséquent, le parti présidentiel, La République en marche, a choisi une stratégie un peu différente.
Plutôt que de présenter des candidats partout, il va opter pour le cas par cas. Des listes de marcheurs dans certaines villes. Dans d'autres, un soutien au maire sortant issu de la droite, comme à Orléans. Ou une alliance avec un édile de gauche, comme à Clichy sous Bois.
Bref, une stratégie à la carte, en fonction des rapports de forces locaux. Mais attention, en échange de leur soutien, les marcheurs exigent à chaque fois un certain nombre de places sur la liste. C'est à prendre ou à laisser. Et si les négociations n'aboutissent pas, alors un candidat En marche est désigné, il peut prendre des voix au maire sortant, et l'empêcher d'être réélu.
Bref, le parti d'Emmanuel Macron joue moins le pouvoir de conviction que le pouvoir de nuisance. Ou pour prendre une métaphore hippique : il préfère jouer placé que jouer gagnant.
Pourquoi ? Eh bien parce que tous les marcheurs placés sur les listes et élus seront demain de grands électeurs. Et que font les grands électeurs ? Ils votent pour les sénateurs. Vous l'avez compris : Emmanuel Macron veut faire basculer le Sénat en 2021.
Décompte
Mais tout cela dépendra bien sûr des résultats. Les municipales ne sont jamais évidentes pour le parti au pouvoir. François Hollande a subi une vague bleue en 2014.
Quel sera le tarif cette fois pour la République en Marche ? Victoire, demi-victoire, défaite ? A vrai dire, il est fort possible qu'on n'en sache rien, même au soir du deuxième tour.
Prenons un exemple : à qui attribuer la victoire d'un maire de droite, qui aurait sur sa liste 50% de marcheurs ? S'agit-il d'une conquête de LR ou bien de la République en Marche ?
Il y a de quoi s'arracher les cheveux et l'on peut parier que les cuirs chevelus des analystes vont souffrir le 22 mars prochain.
Frédéric Says
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