

Plus que sept jours avant que ne s'achève la période que le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel qualifie d'équité. Cela ne veut pas dire qu'un candidat en pèse autant qu'un autre. Mais dans une semaine, tout change avec l'égalité. La fin du pot de miel pour les candidats principaux.
- Ludovic Piedtenu Journaliste, correspondant permanent de Radio France en Allemagne, ancien chef du service politique de France Culture
Jusqu'à dimanche prochain, chaque candidat bénéficie d'un temps de parole égal à son poids politique, à sa dynamique de campagne, à la dynamique des sondages aussi... Pendant une semaine encore, les 11 candidats ne bénéficient pas du même accès aux médias audiovisuels. Et cela dure maintenant depuis le 1er février, depuis deux mois. Bien avant que ne soient connus les 11 candidats de ce scrutin. Ce qui explique à bien des égards le sentiment - encore largement partagé - d'une campagne à 5 : Fillon, Mélenchon, Hamon, Macron et Le Pen. Et ce n'est que lundi prochain que nous entrerons, pour les 15 derniers jours avant le 1er tour, dans la période dite d'égalité où là, chacun disposera exactement du même temps.
Pour les principaux candidats, on arrive donc à la fin du pot de miel
Repensez à ces heures de meetings retransmises sur les chaînes infos depuis deux mois et plus encore... Toutes ces tribunes où les 5 candidats dits "principaux" ont eu l'occasion de dérouler leur pensée et leur programme. Ces accès aux 20h, des accès privilégiés et répétés à différentes émissions de radio ou de télé. Pour un résultat cette année assez peu concluant : force est de constater, à moins de trois semaines du 1er tour, des niveaux inédits d'indécision et d'abstention sous la Vème République. Ces cinq candidats là n'ont manifestement pas totalement convaincu et semblent se partager un gâteau assez maigre.
Il leur reste 7 jours pour taper fort : dimanche prochain, François Fillon compte organiser son plus gros meeting de campagne, Porte de Versailles à Paris. Jean-Luc Mélenchon va, comme il l'a dit hier, faire déferler cette "vague qui se lève" sur la Canebière à Marseille. On imagine ces images de foules faites pour marquer l'opinion. Ce qu'ont d'ailleurs fait ce week-end aussi Emmanuel Macron à Marseille ou Marine Le Pen à Bordeaux. 7 jours, si j'ose dire, pour étaler leur puissance avant les vaches maigres.
Des vaches maigres, ils en auront déjà un avant-goût demain soir puisque BFM TV et CNews ont choisi d'organiser un débat inédit dans l'histoire de l'élection présidentielle, un débat à 11, avec tous les candidats au grand complet. 90 secondes, 1 minute 30 par réponse pour chaque candidat. Ils disposeront au total chacun d'un gros quart d'heure. Au risque d'en sortir comme téléspectateur et électeur un peu frustré, on en sortira aussi forcément tous un peu plus riche d'avoir fait connaissance avec TOUS les candidats.
C'est comme si nous posions sur la table du salon, l'ensemble de la propagande électorale reçue dans nos boîtes à lettres
Jusqu'à présent, qui peut vraiment affirmer ici connaître les propositions économiques et sociales de Jacques Cheminade, François Asselineau, Jean Lassalle, Nicolas Dupont-Aignan, Nathalie Arthaud ou Philippe Poutou? Tiens, ce dernier qui était invité dans l'émission de Laurent Ruquier sur France 2 samedi soir et qui a connu un nouvel épisode de "mépris". C'est ainsi que beaucoup ont qualifié cette séquence télé sur les réseaux sociaux. Déjà invité et moqué, il y a quelques semaines dans cette même émission, Philippe Poutou a subi le mépris que rencontre les candidats moins bien placés dans les sondages.
Philippe Poutou sur France 2 le 1er avril 2017
31 sec
A la prochaine ! lui dit Laurent Ruquier. C'est une interview diffusée à plus de 2h du matin. Qui a octroyé 15 à 20 minutes à Poutou quand Philippot pour le FN a disposé d'une heure, à 23h le soir, une bien meilleure heure de diffusion. Voilà comment s'illustre le règne de l'équité, façon CSA. Lundi prochain pour les 15 derniers jours, il en sera tout autrement. Et les abstentionnistes et les indécis d'aujourd'hui trouveront peut-être, qui sait, chez un de ces 6 candidats - encore plutôt anonymes - quelqu'un à qui accorder son vote et sa confiance.
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