Que va devenir le "club des 3%" ?

Le ministre de l'Economie et des finances Michel  Sapin
Le ministre de l'Economie et des finances Michel  Sapin ©Radio France - SL
Le ministre de l'Economie et des finances Michel Sapin ©Radio France - SL
Le ministre de l'Economie et des finances Michel Sapin ©Radio France - SL
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Après le renoncement de François Hollande, que vont devenir ses fidèles historiques ? Dans le cadre de la Caravane présidentielle de France Culture, étude de cas avec Michel Sapin, élu dans l'Indre.

3% : on ne parle pas ici d'une règle budgétaire européenne ou des audiences rêvées de France Culture. Non, le "club des 3%", ce sont ces ultra-fidèles de François Hollande. Sa garde rapprochée, celle qui a toujours fait corps, et surtout avant 2012, au moment précisément où les sondages lui accordaient 3% d'intentions de vote. Eux qui ont voué une partie de leur vie politique à leur champion, que feront-ils au lendemain du 7 mai prochain ? Voici une étude de cas avec un régional de l'étape. Michel Sapin, longtemps député de l'Indre et maire d'Argenton-sur-Creuse, au sud du département. C'est sans doute, pour François Hollande, le plus proche, en tout cas depuis le plus longtemps.

Les deux hommes ont fait chambre commune au service militaire. L'un dévoué à l'autre, c'était Michel qui rangeait les affaires de François pour éviter à toute la chambrée d'être privée de permission. Lors d'un exercice de régiment, Sapinus – c'était son surnom – accepta même de porter le sac à dos de François Hollande, fatigué, en plus du sien : le futur président avait déjà appris à déléguer au futur ministre les dossiers les plus lourds.

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Alors, en cette fin de quinquennat, le crépuscule politique de François Hollande marque-t-il celui de Michel Sapin ? Rien n'est moins sûr. La circonscription de l'Indre dans laquelle il a été élu, suppléant en 2012, reste assez favorable au PS. Son tandem socialiste, le député titulaire Jean-Paul Chanteguet est respecté et plutôt bien ancré. Le macronisme n'a pas émergé ici, et la droite semble avoir anticipé la défaite en envoyant au front une candidate, qui est certes réputée travailleuse, mais parfaitement novice et peu connue des électeurs.

Cela dit, Michel Sapin, entre les rives de Bercy et les rivages de l'Indre, peut-il échapper au jugement final du quinquennat ? Pas sûr... Un signe parmi d'autres : ces derniers mois, la maison personnelle de Michel Sapin, à Argenton-sur-Creuse, a régulièrement servi de point de ralliement à des manifestants de tout poil, des agriculteurs aux patrons d'entreprises de travaux publics. Oh, des rassemblements sans violence, juste pour envoyer un petit coup de pression au grand argentier d'Argenton.

Y aller ou pas ? Hésitant et secret, Michel Sapin. Quand il revient de temps à autres, le samedi matin, il ne s'éternise pas sur ses projets ; à la manière de son mentor, il évacue les questions d'une pirouette et d'un sourire rapide. Que faire, trente-six ans après sa première élection ? Après l’Elysée, François Hollande, lui, a décidé de créer une fondation pour l'engagement citoyen, mais Michel Sapin pourra-t-il retourner cultiver ses passions et son jardin ?

Le saviez-vous ? Sur son temps libre, le ministre des Finances est numismate. Rien de grave, il s'agit juste de la passion qui consiste à collectionner les monnaies et les médailles. Ce qui lui avait valu une visite privée au musée à Dresde en Allemagne, en marge du G20. Voilà toujours de quoi passer le temps. Surtout si les électeurs de la circonscription, au terme d'un quinquennat difficile, lui rendent la monnaie de sa pièce.

Le cas Sapin est emblématique d'une génération : celle des Hollandais, qui ont conquis les plus hautes fonctions de l’État, et qui ne savent pas très bien quoi faire à l'issue du quinquennat, dans la déconfiture générale. Observons ce que devient ce club des 3% :

Jean-Marc Ayrault a décidé d'arrêter la politique en juin prochain. François Rebsamen reste replié sur sa mairie de Dijon. Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, est passé avec armes et bagages chez Emmanuel Macron. Le ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll, ancien directeur de cabinet de François Hollande époque Solférino, se représente aux législatives dans la Sarthe. Bruno Le Roux se fait discret, muré dans le silence après sa démission sur fonds d'emplois familiaux. Bernard Cazeneuve, historiquement fabiusien devenu hollandais, a choisi de ne pas se représenter aux législatives à Cherbourg, tout en affirmant ne pas quitter la vie politique. Et Michel Sapin, donc, n'a pour l'instant rien dit.

Le sort de ces fidèles de François Hollande est intéressant et révélateur : avant même la fin du mandat, ils sont éclatés, hésitants, incertains. Ce qui devrait être le noyau dur du hollandisme n'est déjà plus qu'une poignée d'atomes crochus. Une confrérie qui partage plus de souvenirs que de projets. Leur dernier espoir ? Que le temps réhabilite finalement le bilan - et plus largement le hollandisme. En partant de 3%, l'objectif est atteignable.

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