Discrètes, ostentatoires ou hostiles... les relations à Dieu de ceux qui aspirent à nous gouverner.
Vous avez remarqué ? C’est un thème de plus en plus présent dans les campagnes présidentielles : pas simplement parce que les clichés journalistiques évoquent le "chemin de croix" d’un candidat, sa "résurrection dans les sondages", ou le fait qu’il "marche sur l’eau". Qui parlait de religion dans une présidentielle il y a vingt ans ? Pas grand-monde ; le thème s’est progressivement infiltré dans les débats en même temps que celui de la laïcité, de l’intégrisme et de l’identité.
C’est un tournant qu’on n'a peut-être pas suffisamment souligné : au cours de la campagne actuelle, l’un des candidats a mis en avant sa religion pour rassurer ses électeurs. Il a mis en avant sa foi pour attester de sa bonne foi : François Fillon, quand il affirme « Je suis chrétien », face à ceux qui l'accusaient d'avoir un projet injuste. Phrase doublement intéressante : d’abord parce qu’ici la foi est décrite comme la preuve de rectitude, quand jadis elle aurait pu être épinglée comme l’ennemie de la rationalité. Intéressante aussi parce qu’elle envoie bien sûr un signal à une certaine France chrétienne, qui a l’impression de ne pas exister dans le débat public ; en témoignent les vives et nombreuses protestations sur les réseaux sociaux quand François Hollande évoque une fête musulmane (et/ou oublie une fête chrétienne). C'est à ce sentiment de relégation politique et médiatique que François Fillon répond.
Les autres candidats mettent-ils en avant leur rapport à la religion ?
"Foutez-nous la paix avec la religion", s'emporte régulièrement Jean-Luc Mélenchon, très laïque, qui rappelle que plus de la moitié des Français ne se réclame d'aucune croyance. Cela correspond au cheminement personnel du candidat de la France insoumise, ancien enfant de chœur : à mesure de son entrée en politique, la religion est devenue, dit-il, "la figure de l'ennemi". Dans son programme, il propose d’abolir le concordat en Alsace-Moselle.
Marine Le Pen se dit "extrêmement croyante", mais fâchée avec l’Église. Elle accuse la hiérarchie catholique de prendre des positions politiques. Élue, la représentante du Front national souhaite interdire tous les signes religieux dans l’espace public. Nicolas Dupont-Aignan se définit comme un "croyant qui doute ou un agnostique qui croit". Il veut pour sa part bannir ces signes religieux des hôpitaux, des entreprises, des universités.
Une position que ne partage pas Emmanuel Macron : "Nous n'avons pas à exiger des croyants qu'ils modèrent leur foi" estime le candidat d'En Marche. Celui qui a fait sa scolarité chez les jésuites à Amiens a demandé lui-même le baptême à l’âge de 12 ans. Et pour lui même : croyance ou pas ? Entre deux bords, Emmanuel Macron refuse de trancher. Il dit être "revenu à un certain agnosticisme", interrogé dans un livre sur le sujet, signé du journaliste Samuel Pruvot, "Les candidats à la confesse" aux éditions du Rocher.
Moins connue, la scolarité confessionnelle de Benoît Hamon, dont la mère était catholique très pratiquante. Le candidat socialiste a notamment fréquenté l'école des pères maristes au Sénégal. Il affirme que cet enseignement lui a apporté "une morale et une éthique", mais n'en dit guère plus.
Qu'en est-il du candidat Jean Lassalle ? Selon le livre déjà cité, le catholicisme "fait partie de son patrimoine intérieur", il se dit attaché aux églises. Signe du destin : très peu de temps après avoir été élu maire de son village, à 21 ans, il doit venir au secours d’un prêtre qui fait un malaise :
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Dans son programme, Jean Lassalle veut faire enseigner à l’école l’histoire des religions et celle de l’athéisme.
Ni Dieu ni maître : on ne sera pas bouleversé d'apprendre que Nathalie Arthaud et Philippe Poutou ne sont pas d’assidus paroissiens. Une petite nuance cependant : le programme d'Arthaud dénonce la religion comme "l’opium du peuple", dans la tradition marxiste. Une mention qui n’existe pas chez l'autre candidat trotskyste. Dans le programme de Philippe Poutou, la seule occurrence du mot religion, c'est pour dénoncer "l'islamophobie, une soit-disant critique de la religion".
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