

L'opposition s'annonce affaiblie et divisée.
Vous avez remarqué, une expression s'est imposée pour commenter la vie politique : on parle désormais des "partis opposés à Emmanuel Macron". Comme s'il y avait d'un côté le raz-de-marée de la République en Marche, et de l'autre, quelques forces disparates et affaiblies, qui formaient ensemble une vague opposition.
Pourtant, ces partis opposés à Emmanuel Macron sont très hétérogènes : des amis de Jean-Luc Mélenchon à ceux de François Baroin, du Front national aux socialistes bon teint. Ce qu'on présente comme "l'opposition" est en fait composée de gens qui se sont beaucoup opposés entre eux.
Que nous dit, au fond, cette présentation des choses ? D'abord, que la biodiversité politique de la prochaine assemblée nationale risque d'être extrêmement faible.
On ne l'a peut-être pas assez souligné, dans le tumulte général : combien y aura-t-il de députés Europe Ecologie Les Verts ?
Au maximum deux. L'un est en difficulté : Sergio Coronado est en ballotage défavorable chez les Français de l'étranger, en Amérique du sud. L'autre est en position favorable : Eric Alauzet, dans la 2e circonscription du Doubs, arrivé en tête avec 42,4%. Mais quand on examine le cas d'un peu plus près... c'est en fait un candidat proche de François de Rugy, qui a rallié Emmanuel Macron. Caramba, encore raté.
C'est donc une quasi-disparition d'Europe écologie les verts qui se profile à l'Assemblée nationale.
Il n'y a guère plus de motifs d'espoirs du côté du parti communiste...
Victime de sa guerre fratricide avec les mélenchonistes, le Parti communiste compte seulement 12 candidats qualifiés pour le second tour. Même à supposer que tous l'emportent, c'est d'ores et déjà insuffisant pour constituer un groupe à l'assemblée nationale (il faut au moins 15 députés). Avoir un groupe permet de disposer d'un temps de parole dans l'hémicycle, d'obtenir des moyens, des salles de réunions, des postes dans les commissions permanentes de l'Assemblée... En un mot : d'exister.
Côté PCF, il y a certes quelques bonnes performances : André Chassaigne, sorti en tête dans le Puy de Dôme, ou Marie-Georges Buffet, idem en Seine-Saint-Denis. Mais les reports de voix de 2ème tour vers les candidats La République en Marche, (report des voix de droite, et de centre-gauche), risquent de compliquer la partie.
Quand au Front national, il a aussi abandonné l'idée d'avoir un groupe à l'Assemblée...
Les projections des instituts de sondages lui accordent entre 1 et 4 élus. Contrairement au Parti communiste, le FN ne pourra pas se réconcilier avec d'anciens alliés pour atteindre le seuil des 15 élus. Conséquence : les députés frontistes continueront de siéger dans le magma de ceux qu'on appelle les "non-inscrits". C'est à dire dotés de moyens extrêmement limités et d'une visibilité quasi-nulle.
Si l'on résume, dans cette assemblée, nous aurons a priori entre quatre et cinq groupes : la République En Marche, Les Républicains et l'UDI (reste à savoir s'ils se scinderont en deux sous-groupes, entre les constructifs favorables à Macron et les opposants au pouvoir) ; le Parti socialiste, peut-être la France insoumise. Quatre à cinq groupe : historiquement, ça n'a rien d'exceptionnel. C'est même l'étiage habituel sous la Vème république.
Seulement, les effectifs des groupes non-majoritaires n'auront, si les projections se confirment, jamais été aussi faibles. Ce qui n'est pas sans conséquences : par exemple, pour saisir le conseil constitutionnel à propos d'une loi, les députés doivent être au moins 60. Le darwinisme politique à l’œuvre épargnera-t-il les espèces politiques en voie de disparition ?
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