Réforme du code du travail : les hommes de l'ombre

Archive mars 2016 : de gauche à droite, Pierre-André Imbert (auj. conseiller social du Président), Myriam El Khomri, Manuel Valls, Emmanuel Macron (auj. Président de la République) et Alexis Kohler (auj. Secrétaire général de l'Elysée)
Archive mars 2016 : de gauche à droite, Pierre-André Imbert (auj. conseiller social du Président), Myriam El Khomri, Manuel Valls, Emmanuel Macron (auj. Président de la République) et Alexis Kohler (auj. Secrétaire général de l'Elysée) ©Maxppp - Christophe Morin / IP3
Archive mars 2016 : de gauche à droite, Pierre-André Imbert (auj. conseiller social du Président), Myriam El Khomri, Manuel Valls, Emmanuel Macron (auj. Président de la République) et Alexis Kohler (auj. Secrétaire général de l'Elysée) ©Maxppp - Christophe Morin / IP3
Archive mars 2016 : de gauche à droite, Pierre-André Imbert (auj. conseiller social du Président), Myriam El Khomri, Manuel Valls, Emmanuel Macron (auj. Président de la République) et Alexis Kohler (auj. Secrétaire général de l'Elysée) ©Maxppp - Christophe Morin / IP3
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Trois hommes ont été nommés ces derniers jours pour mener à bien ensemble la réforme du code du travail promise par Emmanuel Macron. Qui sont-ils ?

Ils sont trois à avoir été nommés ces derniers jours : à l'Elysée, à Matignon et au Ministère du travail. Déjà surnommés la "task force", ces trois hommes se connaissent bien. Ils sont respectés du patronat comme des syndicats. Ils auront la difficile mission de mener cette réforme du code du travail. Un choix gouverné par leur proximité pour qu'il n'y ait que l'épaisseur d'une feuille de papier à cigarette entre eux, qu'il n'y ait pas de dissonances entre le Président de la République, son Premier ministre et sa ministre du travail. C'est aussi une des raisons qui expliquent ce casting. Emmanuel Macron le sait pour l'avoir vécu de l'intérieur lors de la précédente réforme du travail, la loi El Khomri. S'il veut un succès, le Faubourg Saint-Honoré, la rue de Varenne et la rue de Grenelle doivent marcher ensemble.

Emmanuel Macron a également choisi la continuité en nommant près de lui comme conseiller social, le père de la loi El Khomri, Pierre-André Imbert.

Pierre-André Imbert nommé conseiller social d'Emmanuel Macron à l'Elysée
Pierre-André Imbert nommé conseiller social d'Emmanuel Macron à l'Elysée
© Maxppp - IP3 PRESS

Tous les récits de l'intérieur convergent, lors de la précédente réforme, c'est lui qui a tenu le stylo. Lui qui était le "dir-cab", le directeur de cabinet de tous les ministres du travail sous François Hollande. Et qui était le relais du projet de Manuel Valls, qui a imposé ce texte à sa ministre. Un ancien membre du cabinet de l'ex-ministre du travail, Pierre Jacquemain, l'a raconté dans un livre "Ils ont tué la gauche" (Fayard). Un autre conseiller du même cabinet l'avait également rapporté au Canard enchaîné : "la réforme est arrivée toute écrite sur le bureau de la ministre. Sa marge de manœuvre a été réduite à néant. C'est Pierre-André Imbert qui a tout géré."

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Un quadragénaire au parcours essentiellement de gauche : ancien professeur d'économie à Paris 1, des articles dans Le Monde Diplomatique, anti-libéral dans ses jeunes années avec une participation au conseil scientifique d'Attac et ce livre "Contre la dictature des marchés", ancien conseiller d'Henri Emmanuelli, auteur d'un appel aux économistes à sortir de la pensée unique, co-signé avec l'économiste Liêm Hoang Ngoc, ancien socialiste aujourd'hui proche de Jean-Luc Mélenchon, Pierre-André Imbert a ensuité été formé par Raymond Soubie, le pape du social de la droite, le Monsieur social des gouvernements de droite de Pompidou à Sarkozy, propriétaire des cabinets de conseil aux entreprises Altedia puis Alixio, Imbert va y gérer les restructurations et prêter la main aux projets du patronat. Ce qui ne l'empêchera pas de revenir aux côtés de François Hollande pendant sa campagne présidentielle. Il est et de gauche et de droite, ironisent certains. Il a la réputation d'avoir une très grande capacité de travail. Partout où il passe, il impressionne ses collègues.

Un autre quadra nommé spécifiquement à Matignon en charge de la réforme du code du travail, Franck Morel.

Il est le "conseiller social travail emploi formation" d'Edouard Philippe, l'avocat Franck Morel, pas plus tard que mardi dernier, se fendait d' une tribune dans les colonnes du Monde, tribune visiblement remarquée par l’exécutif puisqu'il l'a nommé quelques heures plus tard, un texte qui ressemblait fort à un discours sur la méthode. Il appelait à la prudence et, je cite, à "une alchimie subtile entre volonté politique forte et réelle concertation négociée".

Homme de droite, ancien inspecteur du travail, Franck Morel, avocat associé chez Barthélémy depuis 2012, a déjà conseillé plusieurs ministres et participé à l'élaboration d'une douzaine de lois, notamment celles en 2008 sur la modernisation du marché du travail ou la rénovation de la démocratie sociale, autrement dit la réforme de la représentativité syndicale, du temps de Xavier Bertrand, ministre du travail de Nicolas Sarkozy.

Le code du travail est "obèse", "inneficace" et "complexe". Voilà la contribution que Franck Morel apportait à l'Institut Montaigne, think tank libéral présidé par Henri de Castries (proche de François Fillon pendant la campagne présidentielle) mais dirigé par un proche d'Emmanuel Macron, Laurent Bigorgne. On doit aussi à cet avocat désormais à Matignon le livre paru l'an dernier "Un autre droit du travail est possible" (Fayard).

Le troisième homme, directeur de cabinet de la ministre du travail, est Antoine Foucher.

Pour cela, il faut aller rue de Grenelle, auprès de Muriel Pénicaud, la nouvelle ministre du travail, 62 ans, pur produit de l'administration française et ancienne dirigeante d'entreprise dans le privé. Profil absolument macrono-compatible. Auprès d'elle, le plus jeune de ces trois hommes de l'ombre, 37 ans, Antoine Foucher prend la direction du cabinet.

Jusqu'en juin dernier, il participait encore à la plupart des négociations avec les syndicats puisqu'il était à la direction du Medef, une nomination a priori plutôt très pro-patronat mais dans le détail, son respect du paritarisme, "ses positions prodialogue social et son franc-parler, rapporte ce matin Le Figaro, lui avaient valu quelques inimitiés." Il avait alors rejoint Schneider Electric comme directeur des relations sociales. Le voici revenu dans le public, rue de Grenelle, qu'il connaît bien puisque comme son collègue Franck Morel à Matignon, il avait été le conseiller de l'ancien ministre du travail de Nicolas Sarkozy et de François Fillon, Xavier Bertrand.

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