

Il n'y aura finalement pas de ministres sur la liste du candidat Les Républicains Renaud Muselier. A six semaines du scrutin, le Rassemblement national est donné en tête, quelle que soit la configuration.
Les tractations LR-LREM n'y auront rien fait. Le candidat du RN, Thierry Mariani, est donné en tête, selon un sondage IPSOS-Radio France.
Bien sûr, il faut garder du recul face aux intentions de vote, qui ne sont jamais des prédictions.
Néanmoins, d'autres données contenues dans cette permettent d'entrevoir un socle très solide pour le RN.
D'abord, la certitude du vote. Parmi ceux qui annoncent choisir le Rassemblement national, 8 sur 10 se disent "sûrs de leur choix".
Ce taux tombe à 6 sur 10 pour Renaud Muselier, le candidat sortant du parti Les Républicains. Même chose, 6 sur 10 certains de leur choix pour Sophie Cluzel, la cheffe de file de la République en Marche.
Autre donnée à ne pas négliger : les principales préoccupations exprimées par les électeurs de PACA dans ce sondage. Sur les quatre thèmes cités en priorité par les sondés, on trouve : la délinquance, l'immigration, le terrorisme. Autant de thèmes chers au RN.
Voilà pour le tableau. Dès lors, le gouvernement et la droite sont bien embarrassés. Doivent-ils faire l'union dès le premier tour, comme cela avait été proposé, avant que les cadres nationaux de la droite fassent exploser cet accord ?
Les discussions sont toujours en cours, a indiqué hier soir au 20 heures de France le Premier ministre Jean Castex.
Mais ce matin Renaud Muselier, le candidat Les Républicains, a coupé court. Sur France Bleu Azur, il a annoncé le dépôt de sa liste dans la matinée, sans ministre, ni parlementaire LREM.
Et ce, en dépit de l'accord passé avec Jean Castex, qui voulait que la ministre Sophie Cluzel figure sur la liste.
Il y a là un passage en force, un coup de poker de Renaud Muselier.
L'enjeu de ces régionales en PACA n'est bien sûr pas uniquement local....
A moins d'un an de la présidentielle, le gouvernement redoute que Marine Le Pen veuille faire de la région Sud sa vitrine.
C'est-à-dire : pas de vagues pendant un an. Pas de mesures extrêmes. Une gestion du quotidien. Comme un "appartement-témoin", pour essayer de contredire les prédictions de chaos ou d'incompétence.
Au besoin, le RN pourra toujours pallier ses propres manques en accusant l’État de ne pas jouer le jeu. C'est une figure classique des rapports entre les collectivités et le pouvoir central.
Voici donc tout ce que veut éviter l'exécutif. Bien sûr, la balle n'est pas uniquement dans son camp. En PACA, les listes de la gauche, si elles se qualifient pour la second tour, devront aussi s'interroger sur leur maintien. Ou sur un désistement républicain.
Néanmoins, ce scrutin dans la région Sud est passionnant car il raconte aussi l'état de la droite française.
Les trois protagonistes de ce feuilleton - Renaud Muselier, Jean Castex et Thierry Mariani - sont issus du même parti. Il y a encore cinq ans, tous les trois avaient leur carte chez Les Républicains !
Or, depuis, leurs trajectoires symbolisent l'explosion de cette droite républicaine : l'une ralliée à Emmanuel Macron, l'autre restée LR, la dernière passée chez Marine Le Pen.
En Provence-Alpes-Côte d'Azur, c'est donc aussi la guerre des droites qui voit se dérouler une bataille décisive.
Frédéric Says
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