Sauvegarder le patrimoine et en même temps bétonner ?

Emmanuel Macron et Stéphane Bern le 31 mai 2018
Emmanuel Macron et Stéphane Bern le 31 mai 2018 ©Maxppp - CHRISTOPHE PETIT TESSON / POOL/EPA/Newscom/MaxPPP
Emmanuel Macron et Stéphane Bern le 31 mai 2018 ©Maxppp - CHRISTOPHE PETIT TESSON / POOL/EPA/Newscom/MaxPPP
Emmanuel Macron et Stéphane Bern le 31 mai 2018 ©Maxppp - CHRISTOPHE PETIT TESSON / POOL/EPA/Newscom/MaxPPP
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Emmanuel Macron s'engage pour la sauvegarde du patrimoine, symbole de "l'identité de notre pays". Mais la loi ELAN, la loi Logement examiné depuis mercredi 30 mai à l'Assemblée Nationale apporte quelques contradictions à ce récit. Tout l'art du "en même temps" macronien.

"Quand on parle du patrimoine, on parle de l'identité de notre pays"  déclare hier soir jeudi 31 mai Emmanuel Macron. Le patrimoine, une question d'identité. Le président aime à rappeler qu'il avait face à lui au second tour de l'élection présidentielle la candidate du Front National, Marine Le Pen. Que cette élection s'est en partie jouée sur la question de l'identité. On se souvient pendant la primaire de la droite notamment des débats autour de "l'identité heureuse". 

Si Emmanuel Macron a convaincu une majorité d'électeurs, c'est sans doute parce qu'il a réussi à poser le bon diagnostic, constatant l'idée plus large d'une "insécurité existentielle", qui n'est pas seulement identitaire mais aussi économique. Une incapacité à se projeter dans l'avenir. Et c'est ainsi que plutôt que de jouer sur les peurs, il a proposé un chemin d'avenir en commun, des solutions optimistes. 

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Il l'a redit hier soir en lançant ce loto du patrimoine depuis le palais de l'Elysée. Parler patrimoine serait réconciliateur.  

Emmanuel Macron - Le patrimoine et l'identité

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La France, ce palimpseste, ce même parchemin sur lequel on aurait écrit puis réécrit. Les mots sont bien choisis.  

Mais avec Emmanuel Macron, on peut vivre dans la même journée deux histoires différentes

A quelques centaines de mètres de là, à l'Assemblée Nationale, les députés ont entamé depuis mercredi soir l'examen du projet de loi ELAN, autrement dit le texte logement du gouvernement. 

Dans son propos, le chef de l'état parlait de l'intérêt de préserver le patrimoine, aussi bien des vieilles pierres, le patrimoine historique, mais aussi industriel, disait-il ou naturel.

Et la France avec ses plus de 3 000 kilomètres de côtes dispose d'un littoral exceptionnel préservée depuis 1986 par la loi littoral.  Et la nuit dernière, les députés se sont affrontés sur le sujet. Ils n'ont pas obtenu gain de cause face à ce qu'il convient d'appeler un assouplissement de la loi qui permet au cas par cas des dérogations pour les élus locaux, un permis de construire sur des parcelles vides situées entre deux bâtiments déjà construits dans un même hameau.

Le ministre Jacques Mézard a invité ses collègues à, je le cite, "revenir à la réalité", tout en assurant que "le gouvernement n'a aucunement l'intention de faciliter la bétonisation de nos côtes". C'est tout l'art du "en même temps" assis sur le principe du pragmatisme. 

C'est comme ces "mauvais coucheurs" des architectes des Bâtiments de France qui se lèvent contre un autre article de ce projet de loi qui fait de l'avis de ces hauts fonctionnaires qui dépendent du ministère de la culture non plus un avis opposable, qui bloque un projet, mais un avis consultatif, dont on peut se passer. 

Hier soir, Stéphane Bern missionné par le chef de l'état pour sauver le patrimoine a même eu un mot pour ces architectes, ces ABF, très applaudi, ainsi que la réponse très "en même temps" du chef de l'Etat. 

Stéphane Bern alerte sur les Architectes des Bâtiments de France, Emmanuel Macron lui répond

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Et l'argument massue qui fait de vous, si vous ne bougez pas, si vous ne marchez pas, un conservateur, c'est ainsi et pas autrement que doit avancer la France selon Emmanuel Macron

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