Vous trouviez la situation politique compliquée ? Rassurez-vous, c'est encore pire

Les échecs contre soi-même, Grigori Grigoryevich Myasoyedov. Huile sur toile, 1907.
Les échecs contre soi-même, Grigori Grigoryevich Myasoyedov. Huile sur toile, 1907.  ©AFP - FineArtImages/Leemage
Les échecs contre soi-même, Grigori Grigoryevich Myasoyedov. Huile sur toile, 1907. ©AFP - FineArtImages/Leemage
Les échecs contre soi-même, Grigori Grigoryevich Myasoyedov. Huile sur toile, 1907. ©AFP - FineArtImages/Leemage
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La recomposition en cours n'a pas fini de produire ses effets.

Dans la vaste incertitude politique que nous vivons, l'attente du nouveau gouvernement a quelque chose de rassurant. Au moins, elle correspond à un moment connu, une tradition, presque un rituel.

Rien n'a changé : il y a les aspirants ministres qui se font mousser dans les médias. Les airs mystérieux de ceux qui veulent faire croire qu'ils en savent long. Et les articles de presse, constellés de conditionnels.

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Remarquons d'ailleurs que l'exercice de divination est encore plus vain que d'habitude : le culte du secret de la présidence Macron a anéanti les babillages des conseillers et autres entourages.

Pour les journalistes, raconter la composition en cours de gouvernement, cela revient à commenter une course de chevaux en se trouvant en dehors du stade, juste d'après les clameurs du public... Un public en l'occurrence totalement muet, ce qui n'aide guère.

Mais ce n'est pas grave, cette course à l’échalote est apaisante ; voilà au moins un repère un peu fixe dans ce monde politique changeant.

Car pour le reste, le brouillard est assez épais. Certes, à première vue, les choses ne sont pas si complexes. On peut déjà distinguer plusieurs groupes dans la future assemblée nationale :

- Ceux qui soutiendront le gouvernement. Le futur groupe "La République En Marche".

- Ceux qui seront dans l'opposition franche à Emmanuel Macron (tout à gauche et tout à droite).

- Ceux, enfin, qui joueront le jeu sur certains textes, au coup par coup ; au PS on appelle ça joliment « l'autonomie constructive », chez les Républicains, la « coexistence institutionnelle ».

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Mais en fait, ce serait trop simple...

Oui, car cette recomposition ne se joue pas seulement dans l'espace politique, elle se joue aussi dans le temps.

Il y a plusieurs étapes dans la construction de la nouvelle majorité.

1 : à court terme, les ralliements liés à la formation du gouvernement. C'est ainsi qu'on peut expliquer les ronds de jambe et autres appels à saisir la main tendue par Emmanuel Macron. A gauche, mais surtout à droite...

2. Les ralliements en vue des législatives : ces candidats qui ont délaissé leur parti pour rejoindre En Marche.

3. Après les législatives. Si le groupe "En Marche" est majoritaire, il peut espérer de nouvelles conversions. Ce sont notamment tous ces candidats PS ou LR qui ont demandé l'investiture En Marche mais qui ne l'ont pas obtenu. Une fois à l'Assemblée, on voit mal comment ils resteraient dans un groupe avec Benoit Hamon chez les socialistes, ou Laurent Wauquiez chez Les Républicains. Un exemple ? En Isère, le député Erwan Binet est investi par le PS, mais sur son affiche de campagne, il pose avec... Emmanuel Macron.

Voilà donc pourquoi la recomposition est loin d'être achevée. Autour d'Emmanuel Macron, se dessinent plusieurs strates de soutien. Des strates chronologiques, qui vont des "fidèles du 1er jour" aux "ralliés de la dernière heure". Mais aussi des strates par affinités politiques, qui vont de la droite libérale à la gauche sociale-démocrate.

Si cet ensemble "macroniste" n'atteint pas la majorité absolue (289 députés), alors il faudra composer au coup par coup, pour chaque loi.

A l'Assemblée nationale, jusqu'ici le vote des grands textes ressemblait au fond à une partie de dames : blanc ou noir. Désormais ce sera un jeu d'échecs. Voilà donc pourquoi il va falloir prévoir une bonne provision d'aspirines avant d'examiner les contours de cette future assemblée.

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