Le destin de l’île de Pâques incarne-t-il celui de l’humanité ?

France Culture
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Avec
  • Luc Folliet journaliste
  • Fabien Locher Historien des sciences, spécialiste de l'histoire environnementale, des sciences et des techniques
  • Daniel Tanuro ingénieur agronome
Ile de Pâques
Ile de Pâques
© Radio France - Eric Chaverou

Ile de Pâques Eric Chaverou © Radio France

Dans son ouvrage paru en 2005 intitulé "Effondrement, Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie", Jared Diamond, à la fois biologiste et porte-parole international de l’écologie, notamment du fait de son rôle dans la branche américaine du WWF, prend comme exemple principal de sa thèse l’île de Pâques. Il analyse comment une civilisation riche, complexe et inventive a pu s’effondrer du fait d’une pression insoutenable sur l’environnement qui l’a, notamment, conduit à déboiser de fond en comble son territoire et à arracher les arbres sans lesquels il devenait impossible de fabriquer des embarcations pour la pêche au gros ou des armatures pour construire les fameuses statues qui ont fait la renommée de cette île perdue au milieu de l’océan pacifique. Il écrit ainsi : « On se prend à imaginer ce que put être l’état d’esprit du Pascuan qui abattit le dernier palmier au moment précis où il l’abattait. Comme les forestiers modernes, s’est-il écrié « Du travail, pas des arbres ! » ? Ou : « La technologie va résoudre nos problèmes, il n’y a rien à craindre, nous trouverons des substituts au bois » ? Voire : « Nous n’avons aucune preuve qu’il n’existe pas de palmiers ailleurs sur l’île de Pâques, il faut chercher encore, votre proposition d’interdire la coupe des arbres est prématurée et n’est motivée que par la peur ». Et il ajoute : « des questions similaires se posent pour toute société qui a sans le savoir endommagé son environnement ». Depuis, l’île de Pâques est devenue la métaphore du destin possible d’une humanité aussi isolée sur la planète Terre que les pascuans sur leur territoire au milieu du Pacifique. Mais que vaut au juste cette métaphore ? Les îles en général, et les îles du Pacifique en particulier, sont-elles effectivement à la fois des symboles en réduction du sort possible de notre planète et des avant-postes de notre prise de conscience des risques écologiques majeurs qui menacent l’humanité ? Et, plus généralement, quels sont les usages des grands récits de l’écologie ? Ce sont ces questions, dont nous discutons ce vendredi en compagnie de 3 invités.

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Avec Daniel Tanuro, auteur de l’Impossible Capitalisme Vert publié aux éditions La Découverte / les Empêcheurs de Penser en rond. Luc Folliet, auteur de Nauru, l’île dévastée, comment la civilisation capitaliste a détruit le pays le plus riche du monde. La DécouverteFabien Locher, historien de l’environnement au CNRS ou à l’EHESS