

Le comte de Monte-Cristo est un roman de vengeance, mais qui se veut une éducation morale grâce à l'intervention d'un personnage déterminant : l'abbé Faria.
- Michel Cazenave Ecrivain, ancien producteur à France Culture
- Claude Schopp Docteur es lettres, biographe d'Alexandre Dumas dont il est un grand spécialiste
L'émission est une rediffusion d'un des volets d'une série d'été proposée par François Angelier, diffusée pour la première fois le 28 août 2002 et consacrée à l'abbé Faria.
L'abbé Faria est tiré d'un personnage historique : Joseph Costodi de Faria Goa, un abbé acquis à l'occultisme et au magnétisme. Il a un peu participé à la Révolution française, mais c'est un républicain assez tiède qui n'a pas grand-chose à voir avec l'abbé Faria de Dumas.
Le génie de Dumas est de s'en emparer, parce qu'il a besoin d'un matériau de base en quelque sorte, mais il le reprend et le transcende complètement : l'abbé Faria va devenir quelqu'un qui s'inscrit réellement dans le mouvement de liberté qui parcourt l'Europe, quelqu'un qui a pris position pour le changement de régime en Italie, ce qui lui vaut de se retrouver dans les cachots du château d'If. Et surtout c'est quelqu'un qui lui a assez travaillé dans l'occulte, d'une manière générale, pour en réalité avoir, ce sont les mots de l'époque, "pénétré les arcanes de l'univers", et qui va devenir le père spirituel de Monte-Cristo. C'est-à-dire celui qui va l'introduire véritablement aux secrets de l'univers, à la Connaissance et qui renvoie à l'aspect de Dumas qui n'est souvent pas très bien vu, dans son rapport ambivalent avec cet occulte, ou plutôt avec le surréel.
Michel Cazenave
Puis les invités décortiquent le rôle de l'abbé Faria dans le comte de Monte-Cristo et le symbolisme qu'il apporte à la justice d'Edmond Dantès.
Je crois qu'il y a une question de transmission d'un savoir qui va lui permettre d'être celui qui est, celui qui peut juger et au nom d'une espèce de connaissance globale du monde. Il va se venger bien sûr, mais si ce n'était qu'une vengeance, ce serait sans grand intérêt, c'est bien plus qu'une vengeance puisque c'est le rétablissement de la justice. Il me semble qu'on peut lire le roman comme le passage d'un ancien Dieu à un nouveau Dieu : celui de la Bible et d'œil pour œil, dent pour dent, vers un le Dieu d’Évangile des derniers chapitres où il refuse de se venger après la mort de l'enfant. C'est un roman d'une profondeur extraordinaire et c'est Faria qui est le moteur de tout le roman.
Claude Schopp
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