Comment le pétrole s’est-il insinué dans chaque recoin de notre vie quotidienne, des emballages alimentaires jusqu'à l'art contemporain ?
- Florence Hachez-Leroy Historienne des entreprises, des sciences et des techniques, maîtresse de conférences à l’Université d’Artois, chercheuse au Centre de recherches historiques (EHESS)
- Béatrice Joyeux-Prunel professeure à l'Université de Genève, chaire des humanités numériques.
Les mots sont parfois flexibles et élastiques, mais il faut néanmoins porter une grande attention au genre des mots. Ainsi, la plastique est fantastique car elle est malléable et elle peut être modelée. Elle est la recherche de la beauté des formes et notamment du corps humain : quelle belle plastique ! Parfois elle corrige ou elle répare quand il est question de chirurgie plastique. Elle est aussi mirifique quand elle donne des formes et des volumes une représentation esthétique. Au masculin, le plastique change de nature. Par la chimie – c’est magique –, il se joue des molécules pour faire une matière de synthèse qui peut être moulée, formée, coulée. Au féminin, la plastique se fait donc esthétique quand elle est irrigue les arts. Au masculin, quand il se concentre dans les sols, les rivières, les océans et même les êtres vivants, il devient dramatique.
Dans la première partie de notre émission ce sera le déballage général ! Ou l’industrie pétrolière dans une pochette surprise, avec Florence Hachez-Leroy, historienne des entreprises, des sciences et des techniques, maîtresse de conférences HDR à l’Université d’Artois, chercheuse au Centre de recherches historiques (EHESS), elle est l’auteur de Menaces sur l'alimentation: Emballages, colorants et autres contaminants alimentaires, XIXe-XXe, Presses Universitaires François Rabelais, 2019
La question des fumées toxiques dégagées par le plastique va être un sujet important. Comme dans beaucoup d’autres cas, la régulation avance quand il y a des catastrophes. Le décès de personnes dans un avion à cause des fumées d’incendies aux Etats-Unis, ou dans les grands ensembles comme les tours, où il y a beaucoup de faux-plafonds et de canapés en plastiques, va obliger les industriels à mettre au point des produits qui ne soient pas toxiques parce que l’Etat va réguler et imposer des normes de ce point de vue-là. La régulation avance par paliers […] il faut souvent attendre la crise pour qu’il y ai régulation. Florence Hachez-Leroy
Nous reviendrons sur la manière dont le pétrole a irrigué l’art moderne en compagnie Béatrice Joyeux Prunel, professeure ordinaire à l’université de Genève, sur une nouvelle chaire en Humanités numériques, maître de conférences à l’École normale supérieure, histoire de l’art contemporain, auteure de Les avant-gardes artistiques. Une histoire transnationale. 1918-1945, Gallimard, coll. Folio Histoire, 2017
Nelson Rockefeller, un des fils de John II, a très vite pris conscience de l’importance des arts dans cette propagande pro-pétrolière. Quand il a été responsable de la construction de la Rockefeller Center à Manhattan, il a commandé une grande fresque à Diego Rivera. Or Diego Rivera a mis Lénine au milieu de la fresque, ce qui a fait scandale et ils ont finis par la détruire. Rockefeller a d’ailleurs déclaré plus tard que c’est dans cette affaire qu’il avait appris la politique. Béatrice Joyeux Prunel
Sons diffusés :
Musique : Léo Ferré, Le Temps du plastique, 1956
Archives :
- Extrait du Journal télévisé, du 27 septembre 1971
- David Rockfeller, dans L'art et les hommes, RTF, 19 avril 1962
- Andreï Molodkin, dans Tracks, le 23 octobre 2015
- Extrait d'une publicité pour Tupperware, années 1970
Générique de l'émission : Origami de Rone
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Collaboration
- Réalisation
- Collaboration
- Réalisation
- Production déléguée