1981, victoire de François Mitterrand à la présidentielle. Par quelle stratégie d’union, les gauches françaises parviennent-elles à cette victoire ? Comment le mitterrandisme devient-il le porte-voix et l’espoir de toute une génération de gauche ? D'Épinay à l'Élysée, l’analyse d’une ascension.
- Gilles Morin Président de l’Association des usagers du service public des Archives nationales (AUSPAN). Chercheur associé au Centre d’histoire sociale du XXe siècle.
Le 10 mai 1981, François Mitterrand est élu président de la République. Commence alors une histoire, celle de la gauche au pouvoir. Va-t-elle changer la vie ? Cette histoire n’est possible que grâce à une autre histoire, celle de l’union de la gauche, voire des gauches, pour construire un chemin qui mène à l’Élysée. Une histoire qui se construit comme une quête, digne de celle du Seigneur des anneaux ; avec des rebondissements et des coups bas, comme dans Game of thrones : une épopée, d’Épinay à l’Élysée. Xavier Mauduit
La victoire du “oui” au référendum de 1958 isole la gauche française qui peine à accéder au pouvoir au niveau national. Une partie importante des figures historiques de la gauche a suivi Guy Mollet et s’est ralliée à Charles de Gaulle. Les événements de Mai 68 semblent pourtant une formidable caisse de résonance aux idées défendues par le PSU, la SFIO et le PCF. Les représentants des différents partis de gauche voient dans les élections législatives de 1968 l’occasion d’une vague rouge et rose. Toutefois, l’UDR mène une campagne qui promeut la défense de l'ordre, dénonce la menace subversive et totalitaire que représentent les partis de gauche, et surtout l’aile communiste. L’UDR remporte la majorité absolue et la gauche française doit se rendre à l’évidence : c’est l’union qui fera la force. Le PS, qui succède à la SFIO en 1969, ne saurait gagner sans l’appui du PCF, mais les communistes sont craints par une large partie de l’opinion publique pour espérer être majoritaires au sein d’un gouvernement.
Alain Savary, le premier secrétaire du Parti socialiste, convoque un congrès d’unification à Épinay-sur-Seine en juin 1971. François Mitterrand y voit sa chance de s’imposer comme la figure de proue de la gauche française. Il choisit de livrer un discours virulent contre la société capitaliste et il rallie à sa cause Jean-Pierre Chevènement, Pierre Mauroy, Gaston Defferre… Additionnées les unes aux autres, ces différentes forces de gauche seraient en mesure de faire pencher la balance électorale en faveur de la gauche. François Mitterrand, au terme du congrès d’Épinay, réussit le tour de force de prendre la tête d'un parti auquel il n'appartenait pas deux jours auparavant.
Les négociations pour un programme commun entre le PCF et le PS débutent au lendemain du congrès d’Épinay et aboutissent en 1972. L’Union de la gauche prend forme le 27 juin avec la signature du "programme commun de gouvernement" par le Parti communiste, le Parti socialiste et le mouvement des radicaux de gauche. Durant les années 1970, le PS s’impose comme le parti de la jeunesse et des grands enjeux sociaux. Les militants comme les cadres du parti sont rajeunis, tandis que le Parti soigne sa représentation à l’échelle départementale et municipale et propose de “changer la vie”. La gauche remporte les élections municipales de 1977, mais cette poussée profite surtout au PS, qui gagne deux fois plus de villes que le PCF, dont les cadres nourrissent dès lors une méfiance et une animosité à l’égard du Parti de François Mitterrand : l’Union des gauches vole en éclat en septembre 1977. Cette rupture ne freine pas pour autant la fulgurante ascension du Parti socialiste, qui emmène François Mitterrand jusqu’à l’Élysée, le 10 mai 1981. Est-ce l’Union des gauches qui a permis l’accession des socialistes au pouvoir ? Comment François Mitterrand s’est-il peu à peu imposé comme la figure de ralliement des différents courants de gauche ?
Avec Gilles Morin, docteur en histoire, il est chercheur associé au Centre d’histoire des mondes contemporains (CHS) de l'Université de Paris 1. Il est président de l’AUSPAN (Association des usagers du service public des Archives nationales). Spécialiste de l’histoire politique de la France au XXe siècle et plus particulièrement de l’histoire de la gauche non communiste, il travaille actuellement sur les collaborationnistes et prépare un livre sur le Rassemblement national populaire (RNP). Il a notamment dirigé avec Noëlline Castagnez, Le Parti socialiste d’ É pinay à l’Élysée (Presses Universitaires de Rennes, 2015) et codirigé Les socialistes français à l’heure de la Libération, perspectives française et européenne 1943-1947 (L’OURS – CHS XXe, 2016).
Un an avant mai 1981, on donnait Mitterrand largement perdant, Rocard était le favori des sondages et rien n'était joué. L'union de la gauche était déconstruite. Mitterrand a fait le forcing, s'est appuyé sur tous les réseaux qu'il pouvait avoir et a effectivement fini par gagner mais rien n’était joué quelques mois auparavant. Gilles Morin
Sons diffusés :
- Archive - 23/12/1965 - Un militant socialiste rêve d'une union des gauches.
- Archive - 27/01/1969 - ORTF - Michel Rocard alors à la tête du PSU, évoque la nécessité d'une union socialiste.
- Archive - 11/06/1971 - A2 JT de 20H Congrès socialiste d'Épinay.
- Archive - 1971 - François Mitterrand au Congrès d'Épinay.
- Archive - 01/1973 - George Marchais et le programme commun.
- Archive - 10/05/1980 - A2 JT - Résultat des élections présidentielles - François Mitterrand est élu président de la République.
- Musique - Stone et Charden - L'aventura.
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