Archives LGBT+, retrouver la mémoire : épisode 4/4 du podcast Histoires d’archives

Membres du Shanti Project, association de soutien aux personnes malades dont celles touchées par le VIH, lors de la San Francisco Pride , Californie, 24/05/1984. Photo : Bromberger Hoover.
Membres du Shanti Project, association de soutien aux personnes malades dont celles touchées par le VIH, lors de la San Francisco Pride , Californie, 24/05/1984. Photo : Bromberger Hoover. ©Getty
Membres du Shanti Project, association de soutien aux personnes malades dont celles touchées par le VIH, lors de la San Francisco Pride , Californie, 24/05/1984. Photo : Bromberger Hoover. ©Getty
Membres du Shanti Project, association de soutien aux personnes malades dont celles touchées par le VIH, lors de la San Francisco Pride , Californie, 24/05/1984. Photo : Bromberger Hoover. ©Getty
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Les archives LGBT+ racontent une histoire plurielle, celle de la construction d'une identité, celle des combats pour la reconnaissance de leurs droits. Ces archives sont essentielles à la mémoire pour éviter d'être exclus de l'écriture de sa propre histoire.

Avec
  • Sam Bourcier Activiste queer et sociologue, maître de conférences à l'université Lille III, fondateur du collectif Le Zoo.
  • Michèle Larrouy Archiviste et activiste, enseignante en arts plastiques à la retraite, responsable des Archives Recherches Cultures Lesbiennes
  • Antoine Idier Sociologue

Le personnage homosexuel apparaît dans la littérature ou dans le music-hall. Ah, le "Duo des dindons" des formidables Charpini et Brancato ! Ah, "Le monsieur et le jeune homme" de la sublime Juliette Gréco ! ou encore "Cherchez la femme" de la divine Coccinelle. Des chansons enregistrées qui se trouvent dans les bibliothèques, à côté de livres, de revues, mais cela constitue-t-il des archives ? Oui, sans doute. Pour autant, la communauté LGBT+ sort-elle de l’invisibilité ? Quelles archives pour écrire son passé et son futur ? (Xavier Mauduit)

Les archives des communautés LGBTQI ont été invisibilisées, c'est un fait implacable. Certaines encore plus que d'autres, c'en est un autre. La nécessité de les valoriser est évidente, et fait aujourd'hui consensus, mais au-delà du travail de mémoire, ces archives LGBTQI et leurs manques interrogent notre rapport aux archives et à l'histoire. Qui les collecte ? Qui les trie ? Qui les interprète ? Qui en assure la transmission, et comment ? Est-ce à l'État et à ses institutions de les gérer, ou aux communautés qui les ont constituées ? 

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Toutes ces questions amènent à reconsidérer l'archive non pas comme un matériau mort et inerte mais comme une masse vivante, à faire évoluer en fonction des besoins présents et futurs. Surtout, elles incitent à ne pas séparer l'archive de celui ou celle qui est archivé, et à ne pas faire de l'archivage une dépossession. Ces pistes, ouvertes par des archives qui sont encore à construire et à pérenniser, pourraient bien tracer de nouvelles voies au delà du champ d'action qu'elles s'étaient fixé. 

Avec Antoine Idier, sociologue et historien. Il est responsable de la recherche à l’école supérieure d’arts et médias de Caen/Cherbourg. Il a notamment publié Les Alinéas au placard. L’abrogation du délit d’homosexualité (1977-1982) (Éditions Cartouche, 2013), Les Vies de Guy Hocquenghem. Politique, sexualité, culture (Fayard, 2017), Archives des mouvements LGBT+ : une histoire des luttes de 1890 à nos jours (Textuel, 2018), Pureté et impureté de l’art. Michel Journiac et le sida (Sombres torrents, 2019)

Sam Bourcier, sociologue, activiste queer et penseur transféministe, maître de conférences à l'Université Lille III, fondateur du collectif Le Zoo et membre de l'association Collectif Archives LGBTQI. Il est l'un des initiateurs de l'introduction en France des queer studies. Traducteur de Monique Wittig et Teresa de Lauretis, il est aussi auteur d'une trilogie sur la théorie queer publiée intégralement aux éditions Amsterdam en 2018 : Queer Zones 1, Queer Zones 2 - Sexpolitiques , Queer Zones 3 - Identité, culture, politique. Son ouvrage Le pouls de l’archive, c’est en nous qu’il bat sera publié cette année aux Éditions Cambourakis. 

Avec nous aussi, Michèle Larrouy, archiviste et activiste, enseignante en arts plastiques à la retraite. Elle porte les Archives Recherches Cultures Lesbiennes depuis les années 1990. Parallèlement, elle travaille sur les violences faites aux femmes en organisant des ateliers d’art-thérapie. Elle est l'autrice de Mouvements de presse: des années 1970 à nos jours, luttes féministes et lesbiennes (ARCL Archives Lesbiennes, 2009, épuisé).

On oublie souvent l’histoire des minorités sexuelles. Aujourd’hui, il existe un mouvement fort porté par des militants LGBT+, qui cherche justement à lutter contre cette invisibilisation. (Antoine Idier)

On a archivé pour ne pas disparaître. Et aujourd’hui, pour combattre cette invisibilité, ce silence, on accumule des documents vivants (sons, objets, coupures de presse etc.) même s'il reste le problème du tri des archives et du non-croisement de celles-ci. (Michèle Larrouy)

« Des archives partout, pour tout le monde et pour tous les usages »

À l’étranger, il existe des centres d’archives communautaires autonomes qui valorisent les archives autrement et les rendent plus "justes". En France aussi, il y a un désir de créer ce type de structure avec des militants LGBTQI+ qui ont les compétences pour développer les documents existants et les trier – en autonomie des pouvoirs publics. On comblera alors un déficit démocratique car les archives pourront circuler plus facilement. (Sam Bourcier)

La création d'un centre d’archives indépendant est quelque chose de primordial aujourd’hui. Cela permettra d’ouvrir, d’accumuler et de croiser les archives pour comprendre notamment les traces transversales. (Michèle Larrouy)

Archiver c’est trier entre ce qui est digne de conserver et le reste. Les militants remettent en cause singulièrement l’inconscient intellectuel des archivistes. (Antoine Idier)

Sons diffusés :

Lecture - Carte de Romy à Arras, le 11 mars 1918 ; extrait de Archives des mouvements LGBT  : une histoire des luttes de 1890 à nos jours (Textuel, 2018) de Antoine Idier, lu par Marion Dupont.

Lecture - Tract du comité d'action pédérastique révolutionnaire en mai 68, lu par Olivier Martinaud.

Extrait - Sister Outsider de Audre Lorde, lu par Rébecca Chaillon et Clémence Allezard dans l'émission LSD (2019). 

Extrait - Podcast La Fièvre (2020).

Extrait - Film 120 battements par minute par Robin Campillo.

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